L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, dans la soirée de samedi 5 décembre, lors d’une séance plénière au Bardo, le budget du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique au titre de 2016. 84 députés ont voté pour, contre 13 abstentions et deux voix contre.
Le budget du ministère pour l’année 2016 sera de 1,5 milliard de dinars, répartis sur 1,33 milliard de dinars pour les dépenses de gestion et 148,73 millions dinars pour les dépenses de développement.
En 2015, le budget du département était de l’ordre de 1,401 milliard de dinars (5,5% du budget de l’Etat). La réforme du système d’enseignement supérieur a dominé toutes les interventions des députés qui ont déploré la non participation de tous les départements concernés par l’enseignement supérieur et de toutes les organisations nationales professionnelles ainsi que des compétences scientifiques tunisiennes dans le projet de réforme.
Dans son intervention, le député Mabrouk Herizi a indiqué que le document présentant le projet de la réforme, élaboré en langue française, n’a pas été bien traduit en langue arabe, puisque plusieurs idées importantes dont essentiellement l’indépendance des universités n’ont pas été évoquées.
Certains députés ont souligné que le projet de réforme n’a pas précisé clairement si le système LMD (Licence Mastère Doctorat) sera complètement changé ou juste modifié, estimant que ce système a été injuste et a contribué à l’augmentation du taux de chômage parmi les diplômés.
Dans ce contexte, les députés ont revendiqué la mise en place d’une réforme qui garantit l’employabilité des jeunes et facilite leur intégration dans la vie économique pour contribuer au développement.
“Il faut élaborer un nouveau modèle de développement, avant de démarrer la réforme afin d’identifier les filières à forte employabilité”, a déclaré la députée, Hayet Amri.
D’autres députés ont appelé à la restructuration des instituts supérieurs des études technologiques, pour les adapter aux nouveaux besoins du marché de l’emploi et examiner les possibilités de créer des instituts supérieurs des arts, des métiers, de l’agriculture et du sport dans certaines régions du pays.
Dans ce cadre, le député Abdellatif Mekki s’est interrogé sur l’aboutissement de la décision de créer quatre facultés de médecine, une faculté de médecine dentaire et une autre pour la pharmacie, estimant que leur création permettra de réduire l’encombrement dans les facultés et transformera la Tunisie en une destination de santé par excellence.
Pour sa part, le député Mohsen Hassen a souligné la nécessité de valoriser le rôle de l’enseignement privé dans le cadre du projet de réforme, indiquant que c’est un enseignement destiné à “l’exportation”. Il a, en outre, souligné l’importance de renforcer le partenariat public-privé dans ce secteur.
En revanche, le député Ahmed Seddik a appelé le ministère à être vigilant dans le traitement du dossier des universités privées qui “sont créées essentiellement pour un objectif de gain et de profit”.
Les députés ont aussi, évoqué les mauvaises conditions d’hébergement dans les foyers, des restaurants et du transport universitaire alors que la bourse octroyée aux étudiants reste faible.
Selon certains intervenants, 17% seulement du total des étudiants bénéficient du logement universitaire. A cet effet, ils ont appelé le ministère à revoir la décision de faire bénéficier l’étudiant d’une seule année d’hébergement.
Par ailleurs, il a appelé le ministère de l’Enseignement supérieur à autoriser le triplant à s’inscrire pour la quatrième fois ou même la cinquième fois pour lui donner d’autres chances de réussir.
Les députés ont également appelé à la révision des horaires des cours dans les universités afin de permettre à l’étudiant de participer aux activités culturelles, sportives et artistiques.
Les intervenants ont déploré le peu de ressources attribuées au secteur de la recherche scientifique, qui selon eux, devrait bénéficier d’un budget plus important étant donné qu’il représente le levier du développement. Ils ont enfin, souligné la nécessité de garantir la transparence dans le recrutement des enseignants universitaires.