L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté dimanche en plénière le budget du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines. Lors du débat, les députés ont insisté sur la nécessité de réviser et de contrôler les contrats signés avec les compagnies pétrolières en Tunisie et de diffuser les rapports de prospection sur les ressources énergétiques, pour garantir la transparence dans ce domaine.
L’un des intervenants a qualifié le département de l’Industrie de «boite noire» en raison «du manque de transparence dans la conclusion des contrats pétroliers». Un député a noté le caractère illégal de l’octroi d’un nombre de permis de prospection et d’exploitation, pointant du doigt le fait que plusieurs compagnies pétrolières ne paient pas d’impôt.
Les députés ont recommandé d’auditer les contrats d’exploitation et de prospection et d’en identifier les bénéficiaires. Ils ont également insisté sur la nécessité d’intensifier le contrôle sur les voies menant aux zones de production pétrolière dans le Sahara afin de les protéger du terrorisme. Un des députés a qualifié de « faible» le rendement du ministère de l’Industrie qui ne peut, selon lui, faire avancer l’économie nationale.
Il a estimé que la suspension du sit-in des employés de la compagnie de Phosphate Gafsa, à l’issue de l’attentat terroriste à l’avenue Mohamed V à Tunis, faisant 12 morts parmi les agents de la garde présidentielle, a tenu compte de l’intérêt national du pays et ne signifie pas que le ministère de l’Industrie a réussi à résoudre les problèmes liés au bassin minier.
Le député a regretté l’absence totale du ministère et du gouvernement à Gafsa, affirmant qu’aucun changement n’a été opéré au niveau des responsables de la compagnie « minée de corruption ». Un autre intervenant a appelé à la révision et à l’évaluation de la politique de création des zones industrielles dans toutes les régions ainsi qu’à la modification de la vocation des autres zones industrielles implantées au coeur même des agglomérations.
D’autres députés ont évoqué la complexité des démarches administratives sur le plan régional de manière à bloquer la création des projets privés à l’instar des unités de production du plâtre à Tataouine. Un autre député s’est interrogé sur les causes de la réduction du budget consacré à la transition énergétique dans le pays ainsi qu’à l’exploitation de l’énergie propre, en dépit des potentialités dont dispose le pays dans ce domaine.
Sur un autre plan, les députés ont mis l’accent sur la nécessité d’intensifier le contrôle sur toutes les usines qui déversent les déchets dans la nature. Ils ont appelé le ministère de tutelle à adopter une stratégie visant à encourager le rapprochement des industries de transformation alimentaire des zones de production pour éviter le coût du transport des matières premières depuis la zone de production jusqu’à la zone de transformation.
Un des députés a attiré l’attention, à ce propos, sur l’absence d’usines de fabrication de pâtes alimentaires et des usines de traitement du bois à Jendouba, région productrice de céréales et de bois. Il s’est interrogé dans ce cadre sur les moyens de développement régional, en l’absence des usines, évoquant également le transport de l’argile de la région à des sites d’industrialisation à 500 km de la région.
D’autre part, les députés ont mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’Agence Foncière Industrielle (AFI) afin de résoudre les problèmes fonciers dans les régions, réaliser la justice industrielle et créer des projets industriels de développement. Ils ont appelé également à l’adoption du mécanisme d’essaimage pour la création des investissements privés.
Un député a évoqué l’exploitation du gaz de schiste dans des sites qui selon des études géologiques n’a pas d’impact sur la nappe phréatique et contribue à la création d’emplois, a-t-il avancé.
La députée Samia Abbou a mis l’accent sur les problèmes vécus par près de 4000 employés de l’unique entreprise publique à Kasserine (Société nationale de cellulose et de papier Alfa), relevant que le ministère de l’Industrie n’a pas jugé bon d’intervenir malgré l’arrêt des activités de l’usine et l’existence d’une étude élaborée par des ingénieurs qui y travaillent pointant du doigt des aspects de corruption au sein de la société.
Abbou a justifié cette situation par l’orientation du ministère de l’Industrie vers le secteur privé au lieu d’appuyer le secteur public, faisant savoir qu’un homme d’affaires tunisien a entamé la réalisation d’une unité industrielle dans la région.