L’entreprise 2.0 s’entend l’entreprise et la 2ème République. L’effet d’appel a bien joué. Le message est-il reçu?
“Ne rien perdre et tout gagner“ était la ligne d’action à laquelle s’obligeait Winston Churchill, à chacune de ses initiatives. Ahmed Bouzguenda l’avait bien sans doute en mémoire. En ouvrant les travaux de la trentième édition des Journées de l’entreprise -cet évènement annuel qui met le débat économique national en perspective-, le président de l’IACE a joué tapis, d’entrée de jeu. L’immobilisme économique dévorera l’avancée démocratique s’il se perpétuait, prévient-il. L’entreprise monte au créneau. Elle est dans son rôle. L’acte démocratique a été bien ficelé, ajoutait-il.
Toutefois, sa viabilité dépend de la refondation du modèle économique. Celle-ci n’a pas pris forme et tarde à venir. Et cette fois l’Etat ne peut jouer le coup, en solo. Le temps de la planification centralisée est révolu. L’entreprise sera de la partie. Elle donne le la, en économie, et rythme le tempo du social. Ici et maintenant, elle exige une vision et veut instituer un dialogue permanent avec les pouvoirs publics. Le Deal 2.0, lancé par l’IACE, sera cautionné par les invités étrangers. Ils feront chorus pour valider cette démarche. De même qu’ils appuieront l’appel d’urgence. Le temps presse, il faut aller au charbon. Bien joué!
Réformer en profondeur et aller vite
Pour inverser la fatalité de la récession économique qui accompagne, hélas!, les transitions démocratiques, Abdallah Gül plaidera pour les réformes en profondeur, celles-là mêmes qui font mal. L’Etat doit rétrécir le secteur public et offrir un cadre propice à l’investissement privé. L’équation est aussi simple qu’incontournable.
Christian Wulff, à la lumière des enseignements de la réunification allemande, plaidera pour des réformes précises, celles du code du travail et celui des investissements. Il faut affranchir l’entreprise et l’émanciper de l’ascendant de l’administration. Et d’ajouter que le temps vous est compté. Sebastian Pinera, ancien président du Chili, rappellera que l’Etat ne devra manquer de résolution et qu’il lui faudra engager le fer. Aller vers plus de concurrence et d’ouverture. Supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires. C’est une guerre sans merci mais il faut l’engager sans plus tarder avec des entreprises saines et performantes.
Jean-Pierre Raffarin dira “mettez-vous sous la pression de l’urgence et vous aurez le temps en allié. Engagez-vous dans la culture du résultat. Et cela est le terrain de l’entreprise privée. On peut avoir des gestionnaires publics excellents. Mais les entrepreneurs ont le poids de la responsabilité de leurs choix sur les épaules et ceux-là sont toujours en posture de combat pour rebondir et se réinventer“.
Appelant à la nécessité d’une vision de long terme, il paraphrase Edgar Morin qui dit: “Quand l’immédiat dévore, l’esprit dérive“.
La vision de long terme est un rempart à tout égarement. La démarche de l’IACE se trouve ainsi confortée dans son essence même. Elle est recevable. Elle peut tenir lieu de feuille de route pour le pays.
Une proposition de vision: “Emploi et intégration régionale“
L’entreprise est en exposition permanente au risque, dira Ahmed Bouzguenda. Elle se tient en posture d’adaptation continue. Elle sent le vent tourner et par conséquent elle détecte les grandes tendances de l’économie. Elle jouera son rôle d’éclaireur. La mère des priorités est l’emploi, et son corollaire, la croissance inclusive, pourrait s’enclencher grâce à l’intégration régionale.
Nous considérons pour notre part que l’exportation pourrait constituer une alternative à cette option. L’export, de notre point de vue, est la ligne de flottaison de la compétitivité. Hors la contrainte de compétitivité il y a le risque du gâchis économique et donc d’un défaut d’allocation optimale des ressources. Nous considérons que les deux propositions présentes interfèrent. Le débat est lancé mais non encore tranché.
A suivre.