Donald Trump est un homme puissant. Dans son répertoire téléphonique, le candidat à la présidentielle américaine a même le numéro de téléphone de Bill Gates, ancien PDG de Microsoft et homme le plus riche du monde par intermittence. Donald Trump, qui a fondé sa campagne sur ses frasques et phrases-chocs relayées sur tous les réseaux sociaux, veut appeler Bill Gates car il est inquiété par Internet.
C’est la question de la radicalisation terroriste, qui, comme la plupart des phénomènes actuels, se passe également sur Internet, préoccupe le candidat. «Nous perdons beaucoup de gens à cause d’Internet, et nous devons faire quelque chose», a-t-il déclaré lors d’un meeting en Caroline du Sud. «Nous devons aller voir Bill Gates et beaucoup d’autres gens qui comprennent vraiment ce qui se passe. Nous devons leur parler de la possibilité de fermer cet Internet, peut-être dans certaines zones» a-t-il poursuivi, sans clarifier sa pensée. Il a déjà anticipé les critiques. «Certains vont hurler à la liberté d’expression. Ce sont des idiots», a-t-il asséné.
Bill Gates risque d’être à la peine lorsqu’il décrochera son téléphone. Il a cessé de travailler à temps plein pour Microsoft, une entreprise qui tire vraisemblablement le crédit que lui accorde Donald Trump de l’icône Internet Explorer présente sur son ordinateur, en 2008. Bill Gates, au travers de sa fondation humanitaire, a même plaidé en septembre pour un accès universel à Internet.
Rejoint par Hillary Clinton
Comme de nombreuses prises de position de Donald Trump, cet appel à la régulation est à la fois radical et vague. Cependant, Hillary Clinton, candidate démocrate et pour l’instant favorite du scrutin, a formulé des idées similaires, de façon un peu moins extravagante. Lors d’un discours à Washington ce dimanche 6 décembre, elle a exigé des entreprises technologiques qu’elles bloquent ou suppriment tout contenu pouvant contribuer à la radicalisation et au recrutement par les organisations terroristes. Elle attend aussi d’elles qu’elles rendent les communications chiffrées des djihadistes accessibles, ce qui reviendrait à affaiblir tout système de cryptographie. La candidate a tenu un propos très similaire à celui de Donald Trump. «Vous allez entendre toutes les complaintes habituelles sur la liberté d’expression et ainsi de suite», a-t-elle notamment déclaré.
Aux États-Unis, ces questions sont particulièrement sensibles, puisqu’elles touchent au premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression. S’il est facile pour Facebook ou YouTube de censurer les contenus choquants, il est plus compliqué de supprimer des contenus religieux très conservateurs ou des critiques des pays occidentaux.
AFP