Officiellement et constitutionnellement, l’enseignement est gratuit en Tunisie. Dans les faits, ce n’est pas du tout vrai, révèle une enquête auprès de 2.000 ménages.
«L’enseignement gratuit est un gros mensonge» imputable à une forme «d’hypocrisie sociale». Cet avis tranché d’Abdelwaheb Hfaiedh, directeur du Forum des sciences sociales (FSS), est largement étayé par l’enquête traitant de «l’école dans les yeux des parents», réalisée par cet organisme en partenariat avec le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) et l’Observatoire national de la jeunesse (ONJ).
Ce sondage, réalisé auprès de 2.000 ménages dans les 24 gouvernorats, recense cinq postes de dépenses en rapport avec l’éducation des enfants: les fournitures scolaires, les cours particuliers, les activités en dehors de l’établissement éducatif, le foyer et la nourriture. Des dépenses auxquelles quasiment personne n’échappe mais dont la place dans le budget familial varie d’un ménage à un autre.
Les fournitures scolaires, d’abord. Premier poste de dépense, elles engloutissent plus de 100 d chez plus de la moitié des Tunisiens (56,9%) dans le primaire et 80,4% dans le secondaire.
Plus du tiers se situent dans la frange des 50-100 d dans le primaire et 17,8% dans le secondaire. Ceux dépensant moins de 50 d représentent 6,2% dans le premier groupe et 1,8% dans le second.
Les cours particuliers, ensuite. Deux tiers des Tunisiens y consacrent une enveloppe de 50 à 100 d par mois et par élève et le tiers restant plus de 100 dinars.
Troisième poste de dépense, les activités hors établissement scolaire ne pèsent pas lourd puisque plus du tiers de l’échantillon -79,3% dans le primaire et 73,9% dans le secondaire- y consacrent moins de 50 dinars par élève. En haut de la pyramide, ceux qui y investissement plus de 100 d représentent 2,4% (primaire) et 3,3% (secondaire. Entre 50 et 100 d, les proportions sont de 18,3% et 22,8%.
Le foyer scolaire, quatrième poste de dépense, concerne une proportion encore plus réduite de l’échantillon: 80% y consacrent dans le primaire et 65,1% dans le second cycle de l’enseignement de base et le secondaire y allouent moins de 50 dinars.
Pour 9,6% le budget du foyer universitaire représente plus de 100 d. 25,3% dans le primaire et 20% dans le secondaire sont dans la tranche des 50-100 d.
Enfin, le budget de la nourriture de l’élève ne représente qu’une modeste partie des dépenses que la famille consacre à sa progéniture.
Les ménages consacrant plus de 1 dinar par jour à ce poste représentent 11% dans le primaire et 24,4% dans le secondaire. Entre 1 et 2 dinars, les tranches sont respectivement de 39,8% et 41,8%. De même 28,2% dans le primaire et 14,5% dans le secondaire sont dans la catégorie de moins de 1 dinar par jour et par élève. Enfin, près du cinquième de l’échantillon -21% dans le primaire et 19,3% dans le secondaire- ne consacrent rien à la nourriture de leurs enfants en dehors du foyer familial.
A ce sujet, les auteurs du rapport de l’enquête attirent l’attention sur «la question du régime alimentaire dans les écoles dans sa relation avec la gestion du temps et avec le régime sanitaire scolaire incite à plus d’une interrogation» et souligne «la nécessité de réfléchir à trouver des solutions de rechange au fait de manger en dehors des institutions et à créer des restaurants scolaires, fût-ce dans un cadre associatif pour éviter la privatisation de certains parmi les services de l’éducation publique».