“On me dit optimiste, on me le reproche même mais je suis réaliste, la reprise du tourisme est certainement modeste mais elle est bien réelle et nous espérons une relance dans les prochains mois. Entre temps, nous en profiterons pour restructurer le secteur touristique dans le sens d’une meilleure qualité de service et de produits diversifiés. La Tunisie n’est pas que ciel, mer et terre, c’est aussi une histoire. Notre territoire est couvert de vestiges qui datent depuis plus de 3.000 ans, 40 000 sites anciens et il nous reste beaucoup à découvrir sans oublier notre patrimoine gastronomique qu’on connaît très mal”.
C’est ainsi que s’est adressée Salma Elloumi Rekik à ses invités journalistes français représentant les supports les plus importants des médias dont Marianne, Le Point, Libération, RTL, Paris Match, Europe 1 et M6.
La ministre a rappelé les tristes attentats terroristes du Bardo et de Sousse, exprimant au passage son regret de voir les marchés traditionnels de la Tunisie la bouder: “Je ne m’autoriserais certainement pas à reprocher à n’importe quel pays d’avoir interdit à ses ressortissants de se rendre en Tunisie mais je voudrais tout juste indiquer que le terrorisme est devenu aujourd’hui un phénomène qui peut frapper partout dans le monde. La Tunisie en a été l’une des premières victimes. Nous n’y voyons plus les croisiéristes, lesquels, lors de leurs petites excursions dans les souks Tunis, participent à faire vivre un secteur aujourd’hui sinistré: celui de l’artisanat qui emploie près de 350.000 personnes composées dans leur écrasante majorité par les femmes qui vivent à l’intérieur du pays. Ce secteur leur permet de subsister. Aujourd’hui que nous espérons la relance des activités des croisiéristes en Tunisie, nous sommes engagés à assurer toutes les conditions sécuritaires pour nos hôtes. Toutes les mesures qui répondent aux normes et standards internationaux sur le plan sécuritaire ont été prises. Nous travaillons en étroite collaboration avec des pays comme l’Italie, la France et l’Allemagne à ce niveau. Je ne promettrais pas le risque zéro mais qui peut de par le monde en être garant de nos jours?”.
Mme Rekik a également profité de la présence des journalistes français pour les éclairer sur la situation économique du pays dans le contexte d’une transition démocratique qui n’est pas des plus aisés. Les perspectives seraient, toutefois, positives à condition que la stabilité socioéconomique et sécuritaire soit concrétisée: “Ce qui ne manquerait pas de se produire”.
Le speech de la ministre a été suivi de celui de Périco Légasse, journaliste et critique gastronomique français, célèbre pour sa rubrique gastronomie dans le magazine “Marianne”.
“Ce que la France cherche aujourd’hui est un combattant suprême à l’instar de feu le grand Habib Bourguiba… Nous avons besoins de personnalités emblématiques capables de changer le cours de l’histoire”.
Les relations tuniso-françaises doivent se distinguer par un partenariat socio-économique plus appuyé, a indiqué M. Légasse, rappelant que les rues de Paris ne sont pas plus sûres que celles de Sousse. “Voyageons donc, encourageons le tourisme de qualité et une façon de vivre ensemble pour partager une émotion commune face à cette Méditerranée si belle qui nous rapproche plus que jamais”.
La cerise sur le gâteau du déjeuner, organisé mercredi 9 par le ministère du Tourisme en l’honneur des médias français, fut un voyage dans la belle histoire de la Tunisie depuis la Numidie, Carthage la Punique jusqu’à nos jours en passant par la civilisation arabo-musulmane. “Rome qui a vaincu Carthage a toujours associé son destin à celui des peuples conquis, c’est ce qui explique que Cléopâtre VIII, fille de Marc Antoine, et de Cléopâtre épousa Juba II et conquis ce que nous appelons aujourd’hui le Maghreb à partir de Gafsa.
On ne vend pas un pays parce qu’il y a du soleil, de la mer et du sable, on le vend par son histoire, sa civilisation et la richesse de son patrimoine dont acte!