La formation professionnelle mal-aimée des Tunisiens. Malgré les efforts des autorités, cette branche du dispositif éducatif demeure mal perçue, tant de la part des parents que des élèves. C’est ce qu’indique une enquête auprès de 2.000 foyers, sur «l’éducation dans les yeux des parents», menée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), l’Observatoire national de la jeunesse (ONJ) et le Social Science Forum.
Selon la loi n°10 de l’année 2008, la formation professionnelle constitue, rappelle le rapport de l’enquête, «une composante essentielle du dispositif national de préparation des ressources humaines et d’habilitation professionnelle, culturelle et sociale des jeunes, et de développement des capacités des travailleurs, afin de permettre aux entreprises d’améliorer leurs facteurs de production et renforcer leur compétitivité».
Actuellement séparée du système éducatif, la formation professionnelle est organisée en trois cycles accessibles respectivement aux élèves ayant poursuivi leurs études jusqu’à la fin de la 9ème année de l’enseignement de base, jusqu’à la fin de la deuxième année du secondaire et aux détenteurs d’un bac professionnel et, enfin, aux bacheliers et élèves ayant un Brevet de Technicien Professionnel (BTP) ayant réussi à un concours conformément à des critères déterminés.
Ces trois cycles sont sanctionnés dans l’ordre par un Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP), un Brevet de Technicien Professionnel (BTP) et un Brevet de Technicien Supérieur (BTS).
D’après l’enquête, si 59% des élèves optent d’eux-mêmes pour la formation professionnelle, les autres y viennent contraints: 12% sous la pression des parents et 29% après l’abandon scolaire.
Dans la pratique, les familles ont à l’égard de ce dispositif «une attitude souvent hésitante, si elle n’est pas négative, en raison de la manière dont est perçue et vécue la réalité de la formation professionnelle, de ses perspectives limitées et de l’image stéréotypée qui lui colle».
Cette attitude plutôt négative à l’égard de la formation professionnelle, le rapport de l’enquête relève divers facteurs. Le premier d’entre eux et «un des plus importants», c’est la séparation de la formation professionnelle du reste du dispositif éducationnel et ce qu’il a entraîné comme «absence de vision globale du dispositif de développement des ressources humaines». Et cette absence de vision est peut-être pour quelque chose dans «l’absence de visibilité» qui, selon l’enquête, pousse 15% des élèves suivant une formation professionnelle à envisager «sérieusement» et «à la première occasion» de quitter ce dispositif, parce qu’ils ne «croient pas en son utilité pour obtenir un emploi» ou parce qu’attirés par la sirènes de l’émigration (43%) clandestine ou régulière.
Mais le plus grand problème à l’origine de la désaffection à l’égard de la formation professionnelle, c’est la difficulté pour les jeunes formés de trouver un stage en entreprise. Selon l’enquête, 62% des sondés affirment que «les interventions constituent la seule porte d’accès au monde des stages».