La Banque mondiale et le CEPEX joignent leurs efforts pour doper l’export. Il y a plus de moyens à la disposition des opérateurs. Mais ne manque-t-il pas une vision d’ensemble?
Récemment, la Banque mondiale a mis en route le PDE 3 (troisième volet du Programme de développement de l’exportation). Le projet est dans la lignée du Famex. Il pousse, encore plus, les entreprises à prendre pied sur les marchés cibles. Le programme mobilise davantage de moyens.
Quelques jours auparavant, le CEPEX réunissait entreprises et banquiers pour débattre de la voie et de la manière de doper l’export. Le CEPEX affine sa politique. Un plan d’action pour 2016 dénommé “Go Africa“ est fin prêt. L’export est en quête de nouveaux marchés où rebondir et il cible l’Afrique, son marché naturel. Mais pour être proche, il n’est pas le plus facile. L’export est en posture d’appel d’aire. Cela suffit-il?
La contrepartie de capacité
Le secteur exportateur a tenté plusieurs ouvertures sur les dix dernières années. Elles n’ont pas toutes été menées à terme. Avec le concours de l’UE, il s’est lancé dans la constitution de consortiums. Le but était de permettre aux opérateurs de répondre aux appels de grande quantité. Il se trouve qu’en dehors de Get’IT, les autres ont vite tourné court. Cette piste est à réactiver car elle résout le problème de la contrepartie. Les grandes commandes sont chose fréquente, dans le commerce international.
D’autre part, le pays a créé un cadre légal pour les sociétés de commerce international et elles-mêmes appellent une reconfiguration. Ces deux structures viennent pallier à la grande insuffisance de nos opérateurs dont l’écrasante majorité ne dispose pas de masse critique.
Le blocage du financement bancaire
Talon d’Achille de l’export, le financement bancaire bute constamment sur la question de solvabilité. Les banques tunisiennes, d’instinct, adverses au risque, deviennent frileuses devant l’aventure exportatrice. Elles s’agrippent de manière maladive aux garanties réelles. Or, la solution COTUNACE, avec Dhamen finance, offre aux banques une garantie financière, autrement plus pratique. La garantie financière de la COTUNACE peut être mise en jeu instantanément outre qu’elle est déplafonnée car garantie par le budget de l’Etat.
Nous sommes loin de l’esprit de la bancassurance. Et pourtant, tous les ingrédients sont réunis pour doper le système.
Pourquoi pas une EXIMBANK
Une solution extrême au blocage de l’export serait de promouvoir une EXIMBANK comme ont fait les Américains. Les banques tunisiennes étant universelles voient leur activité éparpillée entre divers métiers et elles ne semblent pas faire de l’export leur cheval de bataille. Cette expérience est bénéfique et l’Export Import BANK américaine prospère à vue d’œil. On peut la dupliquer.
Une autre solution plus simple serait de convertir la Tunisian Foreign Bank en EXIMBANK. La question mérite approfondissement.
Lire: Ouverture du capital de Tunisian Foreign Bank à un partenaire stratégique ; Tunisie : Vers un rapprochement entre Tunisian Foreign Bank et les Assurances Salim
Quoi qu’il en soit, une solution au financement bancaire de l’export doit être trouvée. Elle peut être enrichie par la mise en place de lignes de crédit acheteur en faveur de nos clients africains.
Une autre piste, expérimentée par la Tunisie, peut être également utilisée, à savoir la compensation. Toute exportation tunisienne serait assortie d’un achat local à hauteur d’une proportion à déterminer. Nous pensons qu’à présent que le pays veut cibler le continent, il faudra qu’il affine sa vision et mobilise des moyens novateurs, en conséquence.