Une rencontre importante que celle organisée par le cercle Kheireddine et qui se tient samedi 19 décembre à l’IACE. Cette rencontre sera animée par le Professeur Marouane Abassi, sénior économiste à la Banque Mondiale.
L’économie tunisienne n’est pas au meilleur de sa forme, qui ne le sait pas ? 5 ans de dérives, 5 ans de dépassements, d’indiscipline, d’absentéisme et 5 ans d’une dictature syndicale jamais vécue dans notre pays depuis l’indépendance. Les syndicats étaient à l’époque, patriotes et n’étaient pas soumis aux dictats idéologiques et financiers. Osons espérer qu’une grande partie de nos syndicalistes l’est toujours et qu’elle ne s’acharnera pas à détruire ce qui reste du tissu économique privé.
La masse salariale dans le secteur public s’élève à 13,8% du PIB, elle atteindra certainement les 14% en 2016 grâce ou plutôt à cause des dernières augmentations salariales concédées par le gouvernement sous la pression de l’UGTT.
Le déficit structurel est à hauteur de 3,3% du PIB et la dette publique est de moins en moins soutenable. La croissance? Une amélioration lente est attendue mais nous ne pouvons ambitionner les 5% qu’en 2020 et encore à condition que l’on parvienne à remettre le pays sur les rails !
La Tunisie est doublement touchée par la régression économique car elle subit les aléas du recul de la croissance de ses partenaires traditionnels : une baisse de 1% en Europe se traduit par un recul de 0,6 points en Tunisie.
Que faire dans ce cas ? Devons-nous nous croiser les bras et compter sur les saints et le «tra3b esskhoun» décrié par un «grand général» tunisien pour redresser la barre ?
Bien sûr que non, il faudrait des réformes structurelles, fiscale, administrative mais aussi un code des Investissements encourageant et non compliquée et désespérant. Sur le plan financier il faudrait élargir l’accès au crédit, moderniser le marché bancaire et accroitre l’inclusion financière entre autres par la Microfinance.
Les décideurs publics doivent oser les réformes structurelles tout en ménageant les différents composants socioéconomiques syndicats des travailleurs et des patronats compris. Ce n’est pas évident car ceux qui crient aux dangers de l’impérialisme et aux risques de l’interventionnisme d’organisations telle le FMI et la banque mondiale sont nombreux. Ce sont ceux-là même qui devraient saisir définitivement que c’est en œuvrant à préserver les tissus économiques privé et public qu’ils ne seront pas obligés de subir le dictat des institutions en question ! Mais faites donc l’effort de le leur faire comprendre, ce n’est pas évident ! Ce sont les leaders autistes de la nouvelle Tunisie !
Et pourtant qui ne sait pas que le FMI et la Banque mondiale ne peuvent imposer leurs politiques que dans les pays où les pouvoirs décisionnels sont fragilisés par une économie chancelante, une administration hésitante et une classe politique dogmatique et intransigeante ! Une classe politique qui a diabolisé toute l’administration d’avant l’ère 14 janvier. Un beau cadeau pour la BM, laquelle enfonce par rapport interposés l’administration et diabolise les compétences. Comme si les compétences dans les institutions étatiques appartenaient au patrimoine de l’ancien président ! Comme si l’Etat tunisien avait commencé avec lui ! 10 000 hauts fonctionnaires font aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires dont 300 sont en prison, ce qui laisse les portes grandes ouvertes aux amnistiés et aux parachutés désignés à des postes clé depuis 2011 et principalement entre 2012 et 2013 et lesquels sont dans l’ensemble loin d’égaler en compétences leurs homologues relégués dans des postes subalternes ou gelés.
Si l’on ne réhabilite pas l’Administration publique, si l’on ne rétabli pas la confiance entre le peuple et les décideurs fiables et qualifiés ainsi qu’avec les investisseurs nationaux et étrangers, on donnerait la Tunisie en pâture à des organisations comme la Banque Mondiale et le FMI. Cela s’appelle mettre laTunisie au bord de l’asphyxie socioéconomique.
Les débats qui succèderont à la présentation de Marouene Abbassi, promettent d’être chauds, espérons que les présents en tireront les conséquences qui s’imposent.