La diversité des genres dans l’entreprise est à même de constituer un avantage compétitif, selon Olfa Arfaoui, responsable du programme régional “Intégration économique des femmes dans la région MENA (EconoWin) en Tunisie.
Intervenant, vendredi, au cours d’un débat sur le thème «la diversité des genres au service de la performance des entreprises tunisiennes», Arfaoui a ajouté que cet avantage «se traduit par une meilleure performance à travers des solutions commerciales et relations clients adaptées (dans les ménages, les décisions d’achat reviennent à hauteur de 80%, aux femmes).
La diversité des genres permet l’amélioration de la satisfaction des employés. Toutefois, la mise en place de la diversité reste tributaire de la volonté du leadership et de l’adoption d’un plan d’action pour le changement des mentalités, a-t-elle dit.
A cet égard, le taux de participation économique des femmes dans la zone MENA est le plus faible dans le monde (ne dépasse pas 26%) à cause de nombreux obstacles structurels, socioculturels et personnels à l’embauche des femmes.
Les femmes ont moins de chances d’accéder aux entreprises privées. Leur taux de participation dans le monde du travail ne dépasse pas les 28%, alors que la proportion de femmes diplômées en chômage, estimée à 39%, est supérieure à celle des hommes.
La main-d’oeuvre féminine est davantage concentrée dans les secteurs de l’éducation, les services de santé, l’administration, l’agriculture et le textile contre une présence plus réduite dans l’ingénierie et la technologie (34%) et l’architecture et le bâtiment (37%), a noté Arfaoui. L’accès aux postes de responsabilité est de 9%.
Arfaoui annonce par ailleurs le lancement, en partenariat avec l’IACE, de la 2ème édition du programme EconoWin soutenu par la Coopération allemande (GIZ) et financé par le ministère fédéral allemand et la coopération économique du développement (BMZ), qui ciblera cette fois 3 entreprises avec un focus sur les entreprises employant une main d’oeuvre professionnelle.
Pour sa part, Béchir Lessaoued, consultant à la GIZ, souligne que le diagnostic des entreprises, au cours de la 1ère édition du programme, a démontré que la notion de la diversité des genres est quasiment absente, les gens sont conscients de manière implicite, mais il n’y a pas vraiment une démarche structurée.
En matière du recrutement, la discrimination est absente mais un effort particulier pour inciter les femmes à participer aux concours est nécessaire.
Pour ce consultant, «le processus de candidature est bon mais le processus de sélection est mauvais, vu que les gens annoncent souvent qu’il préfèrent recruter des hommes».
Un autre problème se pose au niveau de l’évolution de la carrière, en raison de manque de disponibilité de la femme qui interrompt sa vie professionnelle ou bien continue à travailler, sans pouvoir faire carrière.
Il recommande donc de réfléchir à des formes de flexibilité qui rendent possible la disponibilité, et ce indépendamment de la présence physique (télétravail ou autres).
Lessaoued préconisé d’introduire la diversité des genres en tant qu’outil de gestion et de réaliser un diagnostic de la gestion des ressources humaines selon une approche fondée sur la diversité des genres.
Des participants ont mis l’accent sur les disparités salariales qui atteignent 30% entre hommes et femmes, l’absence de négociation du salaire par les femmes, lesquelles préfèrent de loin la stabilité et la proximité par rapport au lieu de résidence et sont mal informées des possibilités offertes par le marché de travail.
D’autres participants ont expliqué la disparité salariale par l’évolution difficile de carrière à cause des difficultés que trouve la femme à concilier vie privée et vie professionnelle.