«L’entente, c’est la même chose que le dopage dans le sport», affirme Bruno Lasserre, le président de l’Autorité de la concurrence avant de donner, ce mardi, le verdict sur le «cartel des colis». Au total, vingt entreprises de messagerie – le transport de colis de moins de trois tonnes – écopent d’une amende très lourde: 672 millions d’euros. En première ligne, Geodis, filiale de la SNCF, dont l’amende atteint 196 millions d’euros, DHL Express France (81 millions d’euros), TNT Express France (58,4 millions d’euros), Gefco (groupe Peugeot, 30 millions d’euros) et Fedex France (17 millions d’euros).
«Il ne s’agit pas d’un cartel, la forme la plus grave de collusion, c’est-à-dire une entente secrète dans laquelle les entreprises maîtrisent ensemble un paramètre de la compétition, généralement le prix. Il s’agit plutôt d’une concertation, naturellement illicite, sur les tarifs avec un échange d’informations sur la politique de prix», explique Bruno Lasserre.
L’Autorité de la concurrence a sanctionné deux types de concertation entre les entreprises de transport: d’une part, une entente sur les hausses de tarifs annuelles abordées entre 2004 et 2010, lorsque les entreprises se réunissaient au sein de leur organisation professionnelle, TLF. Elle représente une amende de 670,9 millions d’euros. D’autre part, une entente sur la méthode de répercussion d’une surcharge gazole sanctionnée pour 1,4 milllions d’euros.
Deutsche Bahn et Kuehne+Nagel ont dénoncé l’entente
Effectivement, les documents cités dans le dossier de 200 pages de la décision ne laissent pas de place au doute. Ainsi, un dirigeant de la société Graveleau écrit dans un courrier électronique adressé au président de Mory: «Je vous envoie cet e-mail pour vous faire part du très grave mécontentement de tous les membres de TLF concernant votre lettre circulaire d’augmentation tarifaire 2005 du 15 novembre. Elle ne correspond en rien à ce qui avait été discuté autour de la table à notre réunion…».
Le président de l’Autorité de la concurrence a souligné que les première victimes de cette entente étaient les PME «qui se sont vu appliquer des hausses de tarifs sans pouvoir les négocier ce qui a réduit leur compétitivité».
C’est grâce à la politique de «clémence», en clair d’encouragement à la dénonciation, que l’affaire a été mise au jour. En effet, le groupe Deutsche Bahn, pour sa filiale Schenker Joyau, mais aussi l’entreprise Allouin – appartenant au groupe Kuehne+Nagel – ont toutes deux révélé l’entente sur les tarifs, ce qui leur permis de bénéficier d’une réduction de l’amende. Les entreprises épinglées ont un mois pour faire appel mais le versement de l’amende n’étant pas suspensif, elle vont devoir régler la facture.
AFP