Tunisian Association for Management and Social Stabililty -ou Association Tunisienne de Gestion et Stabilité Sociale-, connue sous son nom anglo-saxon ”TAMSS“, fondée et présidée par Chema Gargouri, depuis 1995, a un cheval de batail: la lutte contre le chômage, en général, et l’économie informelle, en particulier.
Elle a dernièrement organisé une rencontre à Tunis, en collaboration avec la GIZ, sur ses actions auprès des jeunes et femmes sans emploi dans l’objectif de renforcer leur autonomie intellectuelle, managériale, financière et leur participation active en tant que citoyens.
On l’aura compris, TAAMS travaille auprès des femmes et jeunes qui ont un accès limité à l’information, à l’éducation, aux formations, à l’encadrement, aux services financiers et aux opportunités.
Les quatre principaux axes d’intervention de TAAMS sont:
– la citoyenneté et droits fondamentaux,
– les services directs au profit de sa communauté
– le renforcement des capacités institutionnelles d’ONG
– l’entrepreneuriat et insertion économique.
Formations pour la formalisation des activités
Dans le cadre du projet “Creating Opportunities for Better Live and Work” de Philip Morris International, placé sous la tutelle du projet “TILI” (Initiative Tunisienne pour l’Emploi Inclusif), une série de formations a eu lieu au profit des travailleurs du secteur informel portant sur les thématiques suivantes: le développement des petites activités, la CNSS, la CNAM, l’éducation financière et le droit du travail.
Sa vision consiste à doter des citoyens de la communauté d’un instrument pérenne de développement social et économique.
De cette vision découlent les quatre valeurs de TAAMS, en l’occurrence: respecter les droits humains et l’égalité des chances, préserver la dignité du personnel et des bénéficiaires, être transparents et respecter l’environnement.
Pour ce faire, TAAMS a mis en place FORCE pour “Formalisation et création d’emplois“, et ce en partenariat avec la Coopération allemande (GIZ), partenariat qui s’inscrit dans le cadre du Fonds emploi des jeunes.
FORCE est une continuité des efforts de TAAMS dans la lutte contre l’informalité et constitue une initiative inédite en matière de soutien à l’entrepreneuriat des jeunes à travers la formalisation des activités et la création d’emplois décents.
Pour l’heure, FORCE agit dans les régions du Grand Tunis, Le Kef, Kairouan, avec pour objectif global d’appuyer les jeunes entrepreneurs informels à s’intégrer dans l’économie formelle et de leur garantir des emplois stables et décents par le biais de la formalisation. Il vise à les sensibiliser, les former et les accompagner dans leur transition vers le secteur formel. Voilà une idée qui ne manque pas d’intérêt en Tunisie, aussi bien au niveau politique (ministères de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Affaires sociales, Industrie…) qu’au niveau des entreprises formelles. Car, selon les chiffres communiqués, ici et là, l’économie informelle accaparerait près de 60% de l’activité économique dans notre pays.
Cependant, Mme Gargouri nous a fait comprendre qu’il y a une réelle collaboration avec lesdits ministères et son organisation non gouvernementale, mais qu’au niveau de l’UTICA, on ne veut en entendre parler.
Revenons sur les objectifs spécifiques de FORCE qui sont au nombre de 5 :
– faciliter la transition vers le secteur formel à travers la formation et l’accompagnement assurés par des structures appropriées,
– créer des bureaux de formalisation et d’appui aux jeunes entrepreneurs informels,
– former un corps de facilitateurs de formalisation
– contribuer à la création d’emplois stables et décents pour les jeunes.
Par ailleurs, FORCE compte créer trois centres de formalisation et d’assistance technique qui vont offrir des services permanents aux jeunes entrepreneurs informels, sensibiliser 300 jeunes entrepreneurs informels sur l’importance de l’intégration dans l’économie formelle, la formation d’une centaine d’entrepreneurs informels sur le processus de formalisation en accompagnant le développement de leur entreprise…
Perspectives : une feuille de route pour lutter contre l’emploi informel
A l’instar d’autres associations, TAAMS estime que le phénomène de l’emploi informel est devenu un problème inquiétant en Tunisie, notamment depuis l’avènement de la révolution, avec ses impacts négatifs sur l’économie réelle.
Ce phénomène est dû à plusieurs accumulations, mais résulte essentiellement de la pauvreté et de la paupérisation d’un grand nombre de Tunisiens qui souffrent du chômage et du manque d’opportunités de travail.
Pour y faire face, beaucoup ont choisi de se réfugier dans l’emploi informel pour sortir de situations sociales précaire aggravées par l’absence d’encadrement, de formation, de conseil et de l’inexistence d’une prise de conscience de la dangerosité de ce phénomène.
L’absence d’un modèle de développement clair et d’une stratégie étudiée pour l’emploi de la part des autorités a fait que le secteur informel est devenu une alternative pour plusieurs personnes pour régler leurs problèmes.
Ces raisons ont fait que le phénomène de l’emploi informel s’est ancré dans la société à des degrés inquiétants, selon nombre d’observateurs et chercheurs. Ceci a eu une incidence à différents niveaux à commencer par le niveau individuel du travailleur qui perd ses droits matériels et moraux comme la couverture santé, la sécurité sociale et tout ce que comportent les contrats de travail comme mesures permettant de garantir ses droits fondamentaux à accéder à un salaire respectable, de protection contre les accidents du travail, vacances annuelles et la garantie du droit à la retraite. En l’absence de ces droits, l’individu appartient à un système social aléatoire qui n’obéit à aucune règle légale au sein de la société.
Au niveau économique, l’emploi informel affecte le système économique général du pays, affaiblit et éparpille les institutions économiques en l’absence de contrôle sur les revenus générés par ce type d’emploi en raison de l’impossibilité de les exploiter de manière ordonnée. Le travail dans le secteur informel provoque également un état de chaos général en favorisant l’installation de vendeurs ambulants, les transactions illégales et les difficultés sécuritaires importantes en plus des risques sanitaires provoqués par certaines activités commerciales non réglementées.
C’est compte tenu de toutes ces raisons que l’Association Tunisienne de Gestion et Stabilité Sociale (TAMSS) a décidé de traiter ce problème et de l’étudier de manière pratique pour lui trouver des solutions.
En effet, TAAMS a préparé un projet détaillé concernant l’emploi informel en Tunisie, en collaboration avec l’organisation américaine Global Fairness Initiative (GFI). Ellea également mené une enquête sur le sujet qu’elle a présentée le 26 juin 2015 avec la participation des différentes parties concernées (institutions gouvernementales et administratives, unions syndicales, composantes de la société civile et experts dans le domaine).
Cette rencontre a été une première occasion pour présenter le Projet TILI «Initiative Tunisienne pour l’emploi inclusif» que l’association a préparé avec la GFI, ainsi que les résultats de l’enquête de terrain effectuée par l’association auprès des travailleurs informels eux-mêmes.
A cette occasion, un accord de partenariat a été signé avec le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle pour trouver une stratégie de travail et des solutions à ce phénomène.
La collaboration entre TAMSS et GFI a permis de faire un travail conséquent sur cette question surtout que l’organisation américaine possède de l’expertise, des expériences réussies dans ce domaine et a obtenu des résultats positifs dans plusieurs pays. L’objectif principal de cette collaboration est la mise en place d’une feuille de route étudiée et globale comportant les différents engagements de toutes les parties en vue de traiter le problème de l’emploi informel en Tunisie.