Après avoir chuté à 1,630 milliard de dollars en 2011, le volume des capitaux fuyant la Tunisie, selon l’ONG américaine Global Financial Integrity, augmente de nouveau depuis 2012.
La révolution tunisienne constitue un terreau favorable pour l’éclosion des libertés et de la démocratie mais également de la corruption et de toutes formes de pratiques économiques et financières illégales. C’est ce que confirme -encore une fois- le rapport du Global Finance Integrity (GFI), une organisation non gouvernementale américaine oeuvrant à la promotion des instruments de lutte contre les mouvements transfrontaliers de capitaux illicites.
Selon ce rapport, couvrant la période 2004-2013, les flux financiers illicites à partir de la Tunisie augmentent de nouveau depuis deux ans, et ont atteint 1,995 milliard de dollars en 2012 et 1,993 milliard $ en 2013, soit une croissance de plus de 20% par rapport à 2011 (1,630 milliard de dollars).
Avant le 14 janvier 2011, les flux financiers illicites ont enregistré une évolution en dents de scie en Tunisie, passant de 1,126 milliard en 2004 à 978 millions de dollars l’année suivante, avant de connaître très de grands bonds au cours des trois années suivantes –1,336 milliard (2006), 1,676 milliard (2007) et 2,330 milliard (2008)- pour retomber enfin à 2,052 milliard (2009) et 1,1726 milliard (2010).
Avec un flux moyen de 1,684 milliard de dollars par an, la Tunisie se place en milieu de tableau du classement des «champions» des flux financiers illicites dans le monde arabe. Notre pays figure en effet en 8ème place derrière les «leaders» incontestés en la matière (et 57ème sur le plan international) que sont la Syrie (4,767 milliards de dollars), le Qatar (4,713 M$), Oman (4,385 M$), le Maroc (4,102 milliard$) et l’Egypte (3,983 M$), suivis du Koweït (2,847 M$), et du Liban (1,991). La Tunisie (1,684 M$) est talonnée par l’Algérie (1,525 M$), la Jordanie (1,522 M$), le Soudan (1,311 M$), la Libye (1,183 M$), Bahreîn (791 millions de dollars) et la République du Yémen (307 millions de dollars).
En Afrique également, la Tunisie se classe 8ème derrière les 2 «géants» africains des flux financiers illicites, en l’occurrence l’Afrique du Sud (20,922 milliards de dollars, 7ème sur le plan mondial) et le Nigeria (17,804 milliards $, 10ème). Entre la Tunisie et ces pays s’insèrent, très loin, l’Ethiopie (2,583 milliards $), la Côte d’Ivoire (2,334 Mds $), et le Togo (2,229 Mds $), la Guinée Equatoriale (2,175 Mds $), suivis par la Namibie (1,392 milliard de dollars), le Botswana (1,368 milliard de dollars), le Soudan (1,311 milliard de dollars), la Libye (1,183 milliard de dollars) et le Tchad (1,076 milliard de dollars).
A une échelle globale, le rapport du GFI apporte la preuve, grâce à des analyses plus affinées, que le volume des flux financiers illicites a «crevé» le plafond du trillion de dollars, et cela depuis 2011 et n’a cessé depuis d’augmenter.
L’analyse du G.F.I. démontre que 83% de ce trillion de dollars, soit plus de 800 milliards de dollars par an provient de la falsification de transactions commerciales.