L’unité de séchage du lait de Mornaguia reprend son activité, mercredi 6 janvier, avec une production mensuelle de 4 millions de litres. C’est Saad Seddik, le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, qui l’a annoncé mardi 5 janvier à l’ARP, ajoutant que l’Etat va acheter près de 10 millions de litres de lait (3 millions de litres par mois, en moyenne), précisant que 7,5 millions de litres ont été jusqu’à présent acquis.
Plusieurs autres décisions ont déjà été prises, lundi 4 janvier, lors d’une séance de travail tenue au siège du ministère de l’Agriculture. Il s’agit de l’accélération du rythme d’exportation du lait et de la prospection de nouveaux marchés, tout en interdisant l’importation du lait séché.
Le ministre a, au passage, démenti tout ajustement des prix du lait, tant au niveau des centrales laitières que des centres de collecte et des producteurs.
Pour Noureddine Agrebi, directeur général des industries alimentaires au ministère de l’Industrie,”c’est une solution définitive pour la gestion de l’excédent de la production de lait frais, surtout pendant la période de haute lactation où les centrales laitières réceptionnent, journellement, 2,2 millions de litres de lait”.
Actuellement, les centrales laitières disposent d’un stock de 52 millions de litres de lait qui n’a pu être écoulé sur le marché local, à cause de la saturation des grandes surfaces et la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens. Avec ce stock “inchangé”, les centrales laitières ne pouvaient pas réceptionner de lait frais au-delà de leurs capacités, ce qui a provoqué la colère des éleveurs et des collecteurs du lait, a-t-il regretté.
A rappeler que les producteurs et collecteurs de lait dans plusieurs gouvernorats, notamment à Jendouba et Sidi Bouzid, avaient déversé sur la voie publique des quantités de lait pour avertir le gouvernement sur l’augmentation alarmante du stock de lait qui a dépassé, jusqu’au mois de décembre dernier, 52 millions de litres.
Le ministère de l’Industrie envisage d’autres solutions à ce problème conjoncturel. Il s’agit de mener une campagne “lait à l’école”, qui consiste à distribuer 10 millions de litres de lait dans les écoles et la même quantité aux familles nécessiteuses, pour alléger la pression sur les centrales laitières.
Les professionnels, eux, devraient jouer sur la qualité du produit à long terme et renforcer les capacités analytiques des centres de collecte.
L’Etat est, aussi, appelé à aider les éleveurs à installer “le froid à la ferme”, en les dotant de moyens de réfrigération pour pouvoir préserver la bonne qualité du lait frais et le transporter dans de bonnes conditions vers les centrales laitières.
Pour Kamel Rjeibi, directeur du Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (GIVLAIT), “la profession doit travailler en concertation avec le gouvernement, pour apaiser la tension et trouver des solutions radicales aux problèmes qu’endure la filière laitière. Après une série de réunions entre les départements de l’agriculture, de l’Industrie, du commerce et la profession, nous avons réussi à mettre en oeuvre des orientations stratégiques susceptibles de mieux servir la filière dans l’avenir”.
Le séchage local reste la solution la plus adéquate à la gestion de l’excédent de lait, “si ce mécanisme régulateur fonctionne normalement, le problème sera résolu”.
Notons que le gouvernement vient de régler la situation, en ce qui concerne la subvention du lait en poudre, en instituant en faveur des centrales laitières une prime variable selon le volume de la production nationale et dont le montant sera proche du coût réel de production, pour réduire le recours à l’importation de lait en poudre.
L’exportation est aussi un mécanisme régulateur qui, d’après Rjeibi, doit intervenir au moment opportun, c’est-à-dire en cas d’excédent de production. Les initiatives privées se multiplient pour prospecter des marchés potentiels afin d’écouler l’excédent de la production laitière, telle que celle prise récemment par des représentants du secteur laitier dans les gouvernorats du nord-ouest d’effectuer une visite de travail dans la Wilaya d’El Tarf, en Algérie.
Cette initiative permettra, a souligné Rjeibi, d’ouvrir de nouvelles perspectives devant l’exportation du produit tunisien, vers l’Algérie, pays qui détient 17% des importations mondiales de lait.
Le hic, pour lui, réside dans “la manière dont la Tunisie peut accéder à ce marché potentiel, qui demande une certaine compétitivité et une montée en gamme de la qualité des produits pour résister à la concurrence européenne”.