Le président de la République, Béji Caid Essebsi, qui s’exprimait jeudi au cours d’une cérémonie au Palais de Carthage, à l’occasion du 5e anniversaire de la révolution, a décidé l’organisation, durant le printemps prochain, un congrès national sur les problèmes de la jeunesse tunisienne. Objectif: définir les stratégies et outils pratiques devant permettre de lever l’injustice qui les frappe et de favoriser leur intégration.
«Le temps est venu de les protéger des mauvais vents qui emportent leurs embarcations en pleine mer ou leur raison quand ils se laissent aller au désespoir et au lavage de cerveaux. Ils se retrouvent ainsi enrôlés dans de sordides champs de batailles, dans des guerres qui ne sont pas les leurs. C’est là où ils apprennent à mourir alors qu’ils ont à apprendre à vivre et à prendre part à la construction de leur unique pays, la Tunisie dont ils sont l’ultime avenir», a souligné le chef de l’Etat.
Pour ce faire, il a annoncé la constitution d’un comité d’experts qui aura pour mission de réviser tous les textes juridiques, à commencer par le Code pénal, «afin de rendre les lois conformes au souffle de liberté qui anime la nouvelle Constitution et dépoussiérer celle-ci de toutes les dispositions liberticides qui sont devenues caduques et inappropriées à l’esprit de notre époque».
BCE recommande de penser à de nouveaux mécanismes qui permettront de lutter efficacement contre toutes les formes de racisme et de ségrégation sur la base de la croyance ou de la couleur de la peau, rappelant, dans la foulée, la célébration, le 23 janvier, du 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Sur un autre registre, Caid Essebsi, a appelé au soutien du gouvernement qui «a tiré profit de sa première année d’exercice et le voilà, à la faveur du récent remaniement, mieux organisé». Et d’ajouter «il (le gouvernement) mérite notre total soutien, celui du peuple tout entier, des partis de la majorité parlementaire et de l’ensemble des partenaires sociaux afin de pouvoir affronter les défis et emporter les succès escomptés».
Il a déclaré «ma conviction est inébranlable que l’année sera celle de l’audace dans la réforme, de la célérité».
Béji Caid Essebsi a insisté sur l’engagement à parachever l’édification démocratique, en activant les institutions constitutionnelles prévues et en renforçant les libertés individuelles. Il a annoncé l’initiative de proposer un projet de loi qui abroge la Loi 52, datant du 18 mai 1992 relative aux stupéfiants, et la remplace par un nouveau dispositif conforme aux traités internationaux et aux dispositions de la nouvelle Constitution. «Seul l’esprit de réforme nous conduit à adopter des sanctions graduelles, à prévenir, intégrer et guérir avant de punir. Il est absurde de pousser des jeunes, ayant fauté pour la première fois, vers l’obscurité des prisons et de l’inconnu et compromettre ainsi leur avenir avant de leur offrir une planche de salut et une deuxième chance», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le président de la République a appelé les partenaires sociaux à s’accorder sur de solides bases consensuelles. Il a rappelé avoir lui même veillé à les inciter au dialogue et au consensus afin qu’ils soient en mesure de construire un Contrat social fondé sur la satisfaction des légitimes revendications sociales et leur rationalisation. «Nous persisterons sur cette voie consensuelle parce qu’elle a démontré sa validité, rendu possible la résolution de graves problèmes politiques et nous a valu estime et glorification de par le monde».
Abordant la lutte antiterroriste, Caid Essebsi a noté que «cette bataille demeure encore longue et appelle une vigilance de tous les instants et nous impose de resserrer nos rangs, de mobiliser toutes les énergies, tous les moyens et toutes les amitiés, afin que nous puissions extirper de ses racines cette excroissance hideuse». Il a appelé toutes les forces vives à s’armer d’espoir, travailler davantage et accélérer la promulgation des lois adéquates et mettre en oeuvre les réformes nécessaires. «Que tous les Tunisiens soient assurés que la prospérité économique, le bien-être social, l’emploi (notamment celui des jeunes) et le développement de toutes les régions marginalisées, se situent en tête de nos priorités».