Je vous jure que ce n’est pas moi qui ai poussé Zaba dans l’avion!

famille-ben-ali-2016.jpgDécidément IBN KHALDOUN avait mille fois raison, et ce papier que je voulais consacrer au 14 janvier aurait pu être écrit au 14ème siècle, mais il ne présente aucune ride, et surtout s’applique à toute la classe politique tunisienne qui navigue complètement déboussolée sur une mer agitée.

Je peux vous assurer que dans ce qui suit, je n’ai fait que retranscrire, en sautant quelques parties inutiles et en l’adaptant, ce qu’a dit ce grand monsieur qui trône sur l’avenue.

–          Commencçons par la famille ZABA. «Voilà comment il en parleleur naturel est d’arracher aux autres ce qu’ils possèdent, ils ne connaissent, pour ce qui est de prendre le bien d’autrui, aucune limite à laquelle ils se tiennent; au contraire, chaque fois que leurs yeux tombent sur quelque chose qui leur sied, ils se l’approprient de force. Si, ayant pris le dessus et s’étant adjugés l’autorité souveraine, ils ont toute latitude de se comporter ainsi, il n’est plus aucun moyen administratif de protection de la propriété». 

Ces derniers sont partis en laissant le pays dans l’état que tout le monde sait. Maintenant que nous réserve la suite?

–          La fuite de ZABA: tout ce dont qu’ils ne peuvent se saisir sans lutte et sans danger, ils l’enlèvent, puis ils s’enfuient vers leurs pâturages du désert… Suivez mon regard!

–          La TROIKA:C’est là, des gens farouches, chez qui la rudesse de mœurs s’est ancrée au point de devenir leur tempérament propre et leur naturel; et ils s’y complaisent, parce qu’elle leur permet d’échapper à l’emprise de l’autorité et à la sujétion à un gouvernement; un tel naturel est incompatible avec la civilisation, et leur interdit de se développer, et leur manière de vivre est incompatible avec la civilisation. De plus, ils n’ont aucun souci que de gouverner. Parvenus à ce but, ils ne voient pas loin: nulle préoccupation d’améliorer la situation de la population, de veiller à ses intérêts, d’empêcher certains de mal faire.C’est pourquoi les sujets restent, comme privés de gouvernement, sans personne pour les régir, et l’absence de gouvernement est la perte de l’humanité et la ruine de la civilisation, en vertu du fait que l’existence de l’autorité souveraine convient particulièrement à l’homme, et lui est naturelle, et qu’il ne peut avoir en dehors d’elle d’existence et de vie sociale.

Maintenant il faut nettoyer les écuries d’AUGIAS et vider les poubelles, et ce n’est pas évident, car cette période a vu le marché parallèle devenir florissant, car : «la nature de leur existence est donc incompatible avec l’art de construire, qui est la base de la civilisation»; «également, ils obligent les artisans et les corps de métier à subir le marché parallèle sans leur en verser le salaire et le juste prix. Or le travail est la véritable source de la richesse; si donc le travail est vicié, du fait qu’il n’est pas plus profitable, l’espoir en la richesse s’évanouit, les bras cessent le travail, l’ordre établi se dérange, et la civilisation se corrompt».

Quand on parle de 8 mn de travail par jour, c’est clair, net et précis!

Alors depuis le départ de la Troïka qu’est-ce qui a changé et est-ce que la décharge du NOBEL a réveillé les esprits ou bien l’atavisme a-t-il repris le dessus? Ecoutons ce que dit IBN KHALDOUN à ce sujet (texte qui se passe de commentaires): «L’art de gouverner un empire ou un royaume exige que celui qui gouverne contienne ses sujets dans leur devoir, sinon il ne gouvernera pas correctement car autour de lui tous aspirent à commander: il est extrêmement rare que l’un d’eux consente à abandonner l’autorité à un autre, d’une part, et d’autre part leur goût et la rudesse de leurs mœurs font qu’ils n’acceptent que difficilement d’être soumis les uns aux autres et bien qu’un grand nombre d’entre eux soient pourvus d’autorité et de pouvoir, qui se neutralisent et tyrannisent concurremment, et c’est la ruine et la fin de la civilisation. Evidement pareille pratique est incapable de contenir les hommes dans leur devoir, Un tel peuple reste donc comme s’il était dépourvu de gouvernement, chacun cherche à voler le voisin, la civilisation ne peut plus se développer correctement et est rapidement ruinée par l’anarchie. Pour conclure par un exemple: un député à qui on demandait comment son califat gouvernait et rendait prospère sa province, répondit «Quand je l’ai quitté, il ne faisait de tort qu’à lui-même».

Pour terminer, IBN KHALDOUN fait une grande nuance entre l’ISLAM en tant que religion, et ce que d’autres appellent islamisme, «car la religion leur offrit une base ferme de gouvernement dans la Loi. Par la suite, ils cessèrent de prêter leur appui au pouvoir et négligèrent les préceptes de la religion, si bien qu’elles désapprirent l’art de gouverner et revinrent à leurs déserts –sic-, oubliant à la longue, du fait qu’elles n’étaient plus soumises à qui que ce fût et ignoraient les devoirs gouvernementaux, qu’elles aient jamais fait cause commune avec les représentants de l’autorité gouvernementale. Lorsque la puissance du califat disparut sans laisser de traces, les Arabes perdirent toute autorité au profit exclusif des races étrangères: ils demeurèrent alors dans les solitudes de leurs déserts …

Ces sages paroles se passent de commentaires. Et le plus sage serait de relire tout le livre plein de sagesses et d’espérer un sursaut salvateur de ce peuple qui a osé l’impossible dans un contexte géopolitique invivable.