Les souks de la Médina de Tunis, dont la plupart des boutiques étaient fermées, semblaient déserts, lundi matin. Même les quelques boutiques ouvertes, leurs propriétaires étaient devant leurs portes attendant des clients qui pourraient ne pas venir.
Ce paysage reflète la crise étouffante que vit le secteur de l’artisanat en Tunisie, un secteur moribond avertissant de la disparition de plusieurs de ses métiers, suite à la succession des crises au cours des dernières années, surtout celle écoulée, après les deux attentats terroristes au musée de Bardo (18 mars 2015) et à Sousse (26 juin 2015), d’après des professionnels et artisans.
Plusieurs commerçants ont été contraints de changer d’activités afin de trouver une autre source de revenu pour subvenir à leurs besoins, comme l’ont précisé plusieurs d’entre eux. Des clients et professionnels au souk El Attarin, dans l’ancienne ville de Tunis, ont lancé lors d’une assemblée générale, tenue, lundi 18 janvier, un cri d’alarme, demandant à la présidence du gouvernement ainsi qu’au ministère du Tourisme et de l’Artisanat d’intervenir d’urgence pour sortir le secteur de la situation difficile qu’il traverse.
Hatem Ben Ghorbal, commerçant de produits artisanaux à la Médina de Tunis, a relevé que sa principale activité se limite aux transactions avec les touristes des croisières annulées après les attentats terroristes dans le pays, ajoutant que la fermeture, pour des raison sécuritaires, de l’entrée du souk du côté de la place de la Kasbah a empêché l’afflux des bus touristiques.
Ben Ghorbal s’est interrogé sur le degré de préparation de la présidence du gouvernement ainsi que du ministère du tourisme et de l’artisanat à soutenir le secteur pour surmonter la situation difficile qu’il connaît. Il a appelé le gouvernement à soutenir le secteur de l’artisanat et d’oeuvrer à établir une stratégie claire en vue de regagner la confiance du touriste en la destination tunisienne.
L’interlocuteur estime les dégâts des commerçants des produits artisanaux de la Médina à près de 75% de leurs recettes, expliquant que plusieurs commerçants souffrent du chômage et sont menacés de faillite. Ben Ghorbal a relevé que parmi 23 magasins de vente des produits artisanaux, 18 boutiques ont fermé leurs portes, alors que le reste ont changé d’activité. Abdelwaheb Jouina, technicien dans la fabrication du cuivre du cuivre a déploré le marasme que le secteur connaît en raison de l’absence d’activité commerciale dans les souks, faisant remarquer la hausse des prix des matières premières dont le cuivre.
Le vice-président de l’union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) Hichem Elloumi, a pour sa part, reconnu au cours de l’assemblée générale que la situation du secteur est difficile.
Employant plus de 53.000 artisans sur l’ensemble du territoire, le secteur, a-t-il précisé, pâtit de la crise économique que la Tunisie vit, notamment celle du tourisme.
Elloumi a, par ailleurs, évoqué la problématique de l’écoulement du produit artisanal à la lumière de l’absence quasi totale de flux de touristes vers la Tunisie, outre la hausse des prix des matières premières et la faiblesse de la formation professionnelle. Il a fait part de l’engagement de la centrale patronale d’examiner les problématiques du secteur, appelant le gouvernement à apporter l’appui nécessaire à ce dernier.