Agissez, agissez, il en restera toujours quelque chose. Ce semble être la devise qu’a fait sienne le Groupement professionnel du tourisme (GPT) de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), créé il y a exactement une année.
Pour s’imposer dans le paysage de l’industrie touristique tunisienne, le GPT, présidé par Houssem Ben Azzouz, a en effet multiplié les initiatives au cours de sa première année d’existence. La dernière en date est la création d’un observatoire destiné à produire et disséminer des statistiques mensuelles fiables sur la situation et l’évolution d’un secteur durement touché par la forte baisse du nombre de touristes –européens en particulier- à la suite des attentats du Bardo (18 mars 2015) et de Sousse (26 juin 2015). Une initiative qui a fait grincer des dents et entraîné la contestation –par l’Office national du tourisme tunisien (ONTT)- des statistiques concernant le nombre d’hôtels fermés, mais à laquelle les responsables de la CONECT et plus particulièrement du GPT n’entendent nullement renoncer.
A l’occasion de la rentrée, en octobre dernier, le GPT avait révélé les grandes lignes d’une nouvelle approche, d’une nouvelle stratégique, pour le secteur touristique. Convaincus que la crise actuelle «va durer trois ou quatre ans», les responsables du GPT -se disant qu’à quelque chose malheur peut être bon- veulent que les professionnels de cette industrie –tous les professionnels et pas seulement les hôteliers- et le pays en général profitent de ce difficile moment, en plus de ses difficultés conjoncturelles, pour régler les problèmes structurels de l’industrie touristique.
A titre de contribution à cet effort, le GPT avait proposé en octobre dernier les grandes lignes d’une stratégie pour le développement de «douze produits à fort potentiel» et mis sur pied dans la foulée des commissions ayant pour mission d’approfondir cette réflexion et finaliser la stratégie pour la proposer ensuite aux autorités.
Cette manière de procéder n’est pas nouvelle pour la CONECT. Cette structure, présidée par Tarek Chérif, avait fait réaliser en 2012 une étude sur le port de Radès qui a par la suite fait l’objet d’une journée de réflexion.
Pour remettre le tourisme sur pied, le GPT propose de mener de front les deux batailles que le pays doit livrer: la première destinée à regagner la confiance des marchés émetteurs de touristes en direction de la Tunisie –ébranlée par la survenue en quatre mois de deux attentats ayant fait des victimes parmi les touristes étrangers-, et la seconde visant à révolutionner l’industrie touristique.
«Pour regagner cette confiance, il faut renforcer la sécurité, en particulier pour le marché britannique qui est un marché-locomotive», recommande Nabil Ben Azouz. Lorsque le gouvernement britannique a décidé d’interdire la destination tunisienne à ses concitoyens, «il a été suivi par d’autres. Donc, pour obtenir le retour des touristes européens, il faut œuvrer d’abord au come-back des britanniques et pour cela il faut convaincre ces derniers de l’amélioration du dispositif de sécurité dans le pays», recommande le président du GPT.
La deuxième bataille, celle de la refonte de l’industrie touristique, doit s’attaquer à la fois au produit, à la commercialisation et à la gouvernance du secteur touristique. Car «il faut cesser d’administrer des calmants à un secteur qui, comme un malade du cancer, a besoin qu’on s’attaque à la maladie et non pas à manifestations», plaide Mounir Sahli, hôtelier et spécialiste du secteur auquel il a consacré un livre (Les quatre vérités du tourisme tunisien).