Cinq ans après la révolution, les Tunisiens paraissent déçus et insatisfaits. C’est ce qui ressort du sondage de Sigma Conseil analysant leur «état émotionnel» actuel. D’après lequel 58% de nos concitoyens pensent que les choses vont dans la mauvaise direction dans le pays, contre 38% convaincus du contraire, et 56,7% d’entre eux se disent insatisfaits du bilan de la première année du gouvernement Essid, pour 42,9% de satisfaits.
Désenchantement. Si l’on devait décrire l’état émotionnel des Tunisiens, cinq ans après la révolution, et un an depuis l’émergence d’un nouveau pouvoir en Tunisie suite aux élections législatives et présidentielle de fin 2014, c’est ce mot qu’on utiliserait.
Selon le sondage sur l’«état émotionnel» des Tunisiens, dont les résultats ont été présentés samedi 23 janvier 2016, ceux-ci pensent à 58% que les choses vont dans la mauvaise direction dans le pays, contre 38% convaincus du contraire. Pourtant, il y a exactement une année, le rapport était de 49/39%.
Cet avis est corroboré par la réponse à la question concernant le bilan de la 1ère année du gouvernement Essid. En effet, 56,7% des Tunisiens se disent insatisfaits de ce bilan –dont 35,4% sont très insatisfaits et 21,3% plutôt insatisfaits- contre 42,9% de satisfaits –parmi lesquels 6,5% seulement sont très satisfaits et 36,4% plutôt satisfaits.
Ce sentiment dominant d’insatisfaction tient au fait que pour une majorité de Tunisiens les échecs à reprocher au gouvernement sont plus nombreux que ses réussites. Le plus grand acquis sans nul conteste est la liberté d’expression (60,9%), suivie, de loin, de la démocratie (10%), de la création d’emplois (3,4%), de la liberté de croyance (3,3%),
Si seulement deux réussites viennent à leur esprit, les Tunisiens énumèrent un plus grand nombre d’échecs: l’amélioration des conditions de vie (87,8%), la création d’emplois et la réduction du chômage (84,5%), le développement des régions de l’intérieur (77,6%), la lutte contre la corruption (73,4%), etc.
Lorsqu’on les invite à comparer la situation d’avant et d’après le 14 janvier 2011, les Tunisiens disent apprécier aujourd’hui leur capacité –nouvelle- à protester (62,4%) et le meilleur comportement de la police envers le citoyen (60,8%).
Par contre, ils pointent du doigt l’aggravation et/ou la détérioration de la corruption (42,9%), des services administratifs (36,5%).
Au total, les défaillances les plus importantes de la révolution tunisienne sont dans un ordre décroissant: la réduction du chômage (56,7%), la sécurité (39,7%), la situation économique du pays (22,4%), la situation sociale (10,1%), les infrastructures (7,5%), le niveau de vie (6,2%), la démocratie (5,24%), la liberté d’expression et la corruption financière (3,8%), la dignité (3,6%), la corruption administrative et l’amélioration de l’enseignement (3,2%), la justice sociale (1,6%), etc.
Mais qu’attendent aujourd’hui les Tunisiens de leur gouvernement? A cette question, nos concitoyens répondent spontanément et citent dans ordre, également décroissant: la création d’emplois et la réduction du chômage (35,3%), la sécurité et la lutte contre le terrorisme (33,7%), assurer la stabilité (17,1%), améliorer le pouvoir d’achat (16%), réduire les disparités sociales (5,2%), garantir les libertés et améliorer la situation générale du pays (4,1%), attirer les investisseurs (3,9%) et réformer l’administration (2,4%).