La République islamique veut profiter de la levée des sanctions internationales pour renouveler sa flotte vieillissante. L’accord devrait être signé la semaine prochaine à Paris et prévoit l’acquisition de huit A380.
Opération ciel ouvert pour Airbus en Iran! À trois jours de la visite du président Hassan Rohani en France, du 27 au 28 janvier, les autorités iraniennes ont confirmé dimanche la signature prochaine d’un contrat historique portant sur l’achat de 114 Airbus.
Le ministre iranien des Transports, Abbas Akhoundi, à l’origine de cette annonce en marge d’un salon de l’aviation civile à Téhéran, n’a cependant pas précisé le type des appareils choisis, pas plus que le montant de la commande, ni même le calendrier de l’opération. En revanche, le vice-ministre des Transports, Asghar Fakhriyeh Kashan, s’est montré beaucoup plus disert. Selon l’agence Reuters, il a indiqué que la République islamique avait conclu un accord provisoire pour l’acquisition de huit gros-porteurs A 380 (livrables à partir de 2019) mais aussi de 16 appareils de type A 350. L’avionneur européen n’est pas le seul groupe à bénéficier de l’ouverture des marchés en Iran rendue possible par la levée des sanctions économiques, effective depuis une semaine.
500 avions sur dix ans
Téhéran, qui a un besoin impérieux de renouveler sa flotte aérienne, après des décennies de quarantaine, a également coché sur son carnet de commandes le groupe américain Boeing, mais aussi les court-courriers séries C de Bombardier et les MRJ de Mitsubishi. ATR, dont Airbus est actionnaire, pourrait donc aussi être concerné. Des compagnies privées iraniennes seraient quant à elles intéressées par des avions Embraer brésiliens et même des Sukhoï russes. Le marché serait de l’ordre de 500 avions neufs au cours des dix prochaines années. Si l’Iran fait le tour de tous les constructeurs mondiaux pour jouer la concurrence, Airbus est bien en piste. Le gouvernement iranien a confirmé qu’il entendait mener cette semaine des discussions avec Airbus sur les modalités du contrat. L’avionneur européen fait preuve d’une prudence de Sioux sur ce dossier. Un porte-parole d’Airbus assure qu’il n’a aucune confirmation de cette commande. Le groupe, comme ses concurrents, prépare depuis des mois la levée des sanctions, à laquelle l’accord international de juillet dernier sur le nucléaire iranien ouvrait la voie. Cette commande gigantesque – impossible à chiffrer dans la mesure où l’on n’en connaît pas le type d’appareils concerné -, semble indispensable pour l’Iran qui dispose de neuf aéroports internationaux. «La flotte aérienne composée de 256 avions date des années 1970 et une centaine d’appareils recensés a été cannibalisée pour se procurer des pièces afin de faire faire voler les autres», souligne un expert.
De nombreuses entreprises françaises pourraient se glisser dans le sillage d’Airbus, pour décrocher des contrats d’équipements, de maintenance ou encore de supports de trafic aérien.
Veolia, Renault, PSA aussi
La visite du président iranien à Paris, prévue en novembre et annulée à cause des attentats, est l’occasion pour tous les industriels français de pousser leur avantage. Le PDG de Veolia, spécialisé dans le traitement de l’eau et des déchets, Antoine Frérot, a insisté à Davos sur les possibilités qu’offre la République islamique. «Le marché nous intéresse ne serait-ce que pour nos activités très classiques en matière d’accès à l’eau potable pour les villes mais également pour soutenir en matière de services environnements leurs industries, notamment leur industrie pétrolière.»
Dans le secteur automobile, Renault autrefois allié avec Saipa Pars Khodro ne cache pas ses ambitions. «C’est un marché très prometteur d’un million de voitures», a noté Carlos Ghosn qui estime qu’il pourrait atteindre 2 millions d’autos. PSA espère toujours s’allier aussi avec Khodro pour revenir sur le marché qu’il avait quitté en 2012, ce que Téhéran avait peu apprécié. Les industriels français, comme leurs concurrents européens, sont sur les starting-blocks pour saisir les opportunités iraniennes, tout en surveillant prudemment la levée progressive des sanctions sur le financement.
AFP