L’ancien président provisoire, Mohamed Moncef Marzouki (MMM, a récemment créé le buzz en accusant, publiquement, les Emirats arabes unis (EAU) de saborder tout processus démocratique généré par «le printemps arabe» et de fomenter, à cette fin, toutes sortes de complots, y compris l’insurrection des «chômeurs» qui vient d’avoir lieu en Tunisie.
MMM s’est attaqué aux Emirats arabes unis à deux reprises: une première foisà la Conférence de l’Alliance des associations pour la démocratie et des libertés (23 janvier 2016, à Paris) et une seconde fois, lors d’une interview accordée en marge de cette conférence à la chaîne France 24.
Tout indiquait que MMM était chargé d’une mission, celle de mener une campagne en règle contre les EAU. Son porteur d’encensoir, Adnane Manser, son ancien chef de cabinet, a justifié les déclarations de son patron par le fait que MMM, au temps où il était président, était au pif «d’informations ultrasecrètes faisant état de l’implication des Emirats arabes unis dans des actes de minage et de sabotage» des révolutions arabes.
Les questions qui se posent dès lors: Si MMM était au courant de telles informations, pourquoi ne les avaient-il pas divulguées, même indirectement, lorsqu’il était au pouvoir? Pourquoi n’avait-il pas bougé le petit doigt pour résilier les conventions qui lient la Tunisie aux investisseurs émiratis défaillants alors que le droit était de notre côté? Hélas, tout prouve que sa mauvaise foi est manifeste et qu’il travaille dans le cadre d’autres agendas extranationaux.
Condamnation unanime de MMM
Quant aux réactions à cette nouvelle bourde d’un président à la retraite, elles fusent de toutes parts. En voici les plus importantes.
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a «vigoureusement condamné ces déclarations irresponsables». Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Anouar Kerkeche, en personne, a dénoncé ces attaques et qualifié MMM d’«homme du passé qui cherche à masquer ses échecs antérieurs lorsqu’il était au pouvoir».
Autre réaction, celle de Slim Riahi, président de l’Union patriotique libre (UPL), qui a considéréa que «l’ancien président provisoire ne représente que sa personne et qu’aucun Tunisien n’est prêt à présenter, à sa place, des excuses à ce pays ami et frère».
Seulement Slim Riahi a oublié que MMM est un haut fonctionnaire retraité payé par le contribuable. A ce titre, il se doit de respecter le droit de réserve et de ne pas révéler, de manière aussi légère et désinvolte, les secrets de l’Etat.
Au-delà des réactions des uns et des autres, les dégâts que vont occasionner ces déclarations intempestives et irresponsables risquent d’être énormes.
Les premiers qui en pâtiront seront les 25.000 Tunisiens qui vivent aux Emirats arabes unis (EAU). Leur quotidien ne sera plus comme avant. Ils seront regardés avec défiance.
Quid des effets collatéraux?
Cette bombe gratuite lancée par MMM risque également de compromettre la poursuite de la réalisation des mégaprojets touristico-immobiliers d’investisseurs émiratis en Tunisie. On pense notamment au projet «La porte de la Méditerranée» du groupe Sama Dubai ou encore celui de «Tunis sport city» de Boukhater, un investissement global de 30 milliards de dollars avec en prime de nouvelles villes et plus de 200.000 emplois, une véritable perche de salut pour un pays plombé par le chômage de700.000 personnes dont 250.000 chômeurs diplômés.
La frustration est énorme d’autant plus que les déclarations assassines de MMM interviennent un mois après (fin décembre 2015) la décision des investisseurs émiratis (Sama Dubaï et Boukhater) de poursuivre la réalisation de leurs projets. Ces derniers avaient fait le déplacement à Tunis pour l’exprimer de vive voix aux autorités compétentes.
Cela pour dire que les éventuels effets collatéraux seront considérables et que l’intention de MMM de nuire au pays est réelle. Il a bien choisi son timing pour semer, encore une fois, la pagaille et compromettre les intérêts supérieurs du pays. Il nous semble que le moment est plus que jamais venu pour rappeler à l’ordre «cette âme errante» et de le poursuivre en justice. L’idéal serait de créer une première en privant Marzouki de sa nationalité et de sa retraite (malheureusement plus facile à dire qu’à mettre en place). Face à des déclarations irréfléchies irresponsables, des sanctions exceptionnelles et dissuasives sont impératives. Il y va de l’intérêt du pays.