Exploiter l’art de vivre pour faire du business est une initiative de bon goût. Et si l’on sait s’y prendre comme le font la France et la Turquie, ça peut être un filon de bonne fortune.
La deuxième journée nationale de la célébration de l’art de vivre et du patrimoine devrait être un événement d’impact populaire. L’évènement a été célébré avec ce qu’il faut d’euphorie de la part des participants, qui étaient très enthousiastes. Cependant, il n’a pas mobilisé l’opinion, et on en a peu entendu parler. Et pourtant, cet événement nous concerne au premier chef. Sans compter que si on sait le valoriser, il peut rapporter gros.
Dans l’agitation ambiante il est salutaire pour l’économie nationale de marquer notre trait de raffinement civilisationnel. L’année où le pays est récompensé, par la communauté internationale unanime, du trophée du Nobel de la Paix le moment est propice pour rappeler qu’en plus de savoir dialoguer, nous possédons un savoir être.
Mettre en avant le “Tunisian Way of Life“
L’on ne sait trop si c’est la faute des organisateurs, ou si c’est la faute à cet accès d’étourdissement national qui s’est emparé de nous dans la foulée de notre transe démocratique. Et il faut bien reconnaître que cette dernière a culminé lors des récents événements de contestation des jeunes demandeurs d’emploi. Cette ivresse démocratique ne doit pas nous faire oublier que, pour être une démocratie naissante, nous n’en sommes pas moins une civilisation millénaire et que nous savons goûter à la vie. C’est le message que veulent véhiculer les organisateurs de cette manifestation.
Leur initiative est louable et elle tombe à point nommé. En ce moment où le pays a besoin d’aller vers l’opinion internationale avec un profil valorisant, cette journée doit bénéficier d’un large écho. Nous considérons que le concept a trouvé sa voie et nous suggérons de revoir son format pour lui assurer le plus de notoriété possible.
Une note de raffinement dans l’agitation ambiante
La journée de l’art de vivre a su trouver ses repères et se démarquer des célébrations similaires comme, à titre d’exemple, celle de l’habit traditionnel qui est célébrée le 16 mars de chaque année.
Les organisateurs ont élargi la palette des métiers et des arts concernés et cela a conféré à cette journée un vaste bouquet de savoir-faire. L’affaire a pris du relief étant donné que les deux pays invités, à savoir la France, représentée par la SE à l’Economie solidaire et aux Métiers, et la Turquie, ont de solides expériences en la matière. Outre que l’on peut s’inspirer de leur démarche, on peut aussi les convaincre de l’importance de notre index historique et civilisationnel et ils seraient d’excellents porte-voix pour notre pays.
Il faut rappeler que l’art de vivre français, pour s’être assuré une notoriété au souci d’étiquette à la française, a servi de tremplin pour l’artisanat français qui n’est autre que l’industrie française du luxe.
Les retombées économiques de l’émancipation professionnelle de l’artisanat tunisien peuvent avoir un retour sur investissement considérable. Et les artisans récompensés, ce jour-là, par les organisateurs deviendront les chevilles ouvrières du supplément de notoriété que cherche à acquérir notre pays sur la scène internationale et les ambassadeurs du Tunisian Way of Life.
Passer de la cuisine à la gastronomie : un acte de lobbying
La destination Tunisie souffre d’une étiquette peu valorisante et peu valorisée. A l’heure où le pays est en dynamique de refondation de son modèle économique il faut accepter que la promotion sur la scène internationale passe par les voies du lobbying. Il faut passer à la vitesse supérieure et monter les réseaux adéquats. Nous parlons de cuisine tunisienne alors que notre table nous prédispose à accéder au rang de gastronomie. Les vins de Tunisie sont dans leur quasi majorité primés lors des vinalies les plus sévères au monde. Les médailles rapportées, octroyés par des jurys impitoyables de rigueur devraient servir de soutien à la promotion de notre gastronomie. Ces médailles sont des visas pour l’explosion du business. Et pourtant rien n’est fait en conséquence. Des lobbyies, des lobbyies, rien que des lobbies pour faire le travail et on aura des retours sur investissement à l’instar de pays comme la France, la Turquie mais également l’Italie. L’âge d’or de notre industrie du luxe est devant nous. Et rendez vous en janvier 2017.