« Les Soudanais aiment la Tunisie, ils préféreraient venir se soigner dans notre pays plutôt que de se rendre en Grande-Bretagne ou en Suisse. MAis il y a le problème du visa qui persiste et celui de l’absence de dessertes Tunisair sur Khartoum», a déclaré Aziza Htira, PDG du Cepex, qui tient à optimiser les performances à l’export du Centre malgré ses modestes moyens.
Un vol spécial a ainsi été consacré au déplacement d’une délégation d’opérateurs dans le secteur de la santé chapeautée par la Fédération tunisienne de la santé et soutenue par le Cepex.
Le périple en valait la peine et le séjour à Khartoum, capitale du Soudan, a été porteur. Nombre de conventions ont été signées entre partenaires soudanais et tunisiens et l’on s’attend à une augmentation notable du nombre de patients soudanais nantis, cultivés et solvables.
«Nous ne nous intéressons pas qu’au Soudan, l’Algérie est également une niche importante pour le tourisme médical tunisien. Il est pour moi capital de développer les rapports de confiance qui existent entre nos deux pays. Nos destins sont liés et j’estime qu’il est nécessaire de renforcer les échanges entre nos deux pays. Pour ma part, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour stimuler les relations commerciales avec l’Algérie et qui plus est dans les deux sens», assure Mme Htira.
Le Cepex est également décidé à consolider sa présence en Afrique même s’il ne peut s’offrir le luxe d’implanter un grand nombre de représentations dans des pays prometteurs. «Nous démarrons avec la Cote d’Ivoire dont Attijari Bank vient de signer une convention avec la Banque de l’Habitat pour s’inspirer de son expérience en matière de construction de logements sociaux. Il est prévu que l’on lance un appel d’offres pour l’édification de 400.000 logements sociaux dans ce pays. Les promoteurs immobiliers tunisiens pourraient y participer. Ceci sans oublier le besoin exprimé par ce pays et d’autres en Afrique de l’Est et de l’Ouest pour tout ce qui se rapporte aux secteurs du BTP, de l’agroalimentaire, de l’impression classique et numérique, les TIC, les grands travaux et d’autres activités. L’Afrique est prête à nous accueillir, il faut que les opérateurs privés aient le courage et l’audace de s’y implanter à travers des représentations sur place. En ce qui concerne le Cepex, nous avons déjà reçu un accord de principe de la part de notre gouvernement pour ouvrir trois nouvelles antennes dans des pays africains qui pourraient assister nos exportateurs».
L’Afrique en pleine croissance est ouverte à toutes les propositions et offre de grandes opportunités mais en l’absence d’un accompagnement conséquent de la part des représentations diplomatiques, elles-mêmes limitées financièrement pour encourager une présence plus accrue des opérateurs tunisiens, il n’est pas aisé d’y développer l’offre nationale. L’absence de banques tunisiennes ainsi que de dessertes aériennes régulières sur certaines destinations compliquent considérablement la consolidation des échanges commerciaux avec le continent noir. Le pire est que l’on parle depuis près d’une décennie du poids de ces obstacles sur une présence tunisienne plus accrue en Afrique subsaharienne et anglophone mais sans que critiques, plaintes, requêtes ou sollicitations trouvent échos auprès des décideurs publics ou privés. C’est d’une tristesse!
Toutefois, Aziza Htira ne compte pas se limiter géographiquement dans ses aspirations pour la conquête de nouveaux marchés et même pour attirer des investisseurs sur lesquels le charme tunisien opère toujours malgré une instabilité sociale rebutante. «Les pays du Golfe sont très intéressés par la Tunisie, qu’il s’agisse de la Jordanie, du Qatar ou encore du Koweït, la Tunisie reste un site attractif si ce n’est la complexité des procédures et réglementations que nous sommes décidés à simplifier. Des investisseurs irakiens de grandes envergures tiennent à découvrir les opportunités d’investissement en Tunisie et également celles des échanges commerciaux avec leur pays ou leurs lieux de résidences actuelles. Le problème est que le visa qu’on leur accorde ne dépasse pas le mois. C’est trop juste pour des investisseurs qui sont prêts à mettre des millions de $ dans notre pays ».
La Russie est également dans la ligne de mire du Cepex qui y sera présent dans la semaine du 20 mars à l’occasion de la commission mixte tuniso-russe. Les importations tunisiennes en direction de la Russie ont d’ores et déjà commencé avec des quantités substantielles d’oranges et d’autres produits d’alimentation (Voir vidéo sur les opportunités du marché russe).
Le Cepex veut bien déployer ses ailes dans plusieurs directions, mais il a besoin de plus de moyens et d’un plus grand appui de la part des autorités gouvernementales concernées.
La balle est donc dans le camp des décideurs publics tunisiens pour attirer plus d’investisseurs. La diplomatie économique doit devenir plus efficiente et moins attentiste mais il est aussi du devoir des acteurs privés d’être plus aventuriers et de compter pour la conquête de nouveaux marchés plutôt que sur l’Etat.