Dans la soirée du mercredi 3 février 2016, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, s’est livré à un exercice d’explication de texte, pardon de la situation de la vie politico-socio-économique du pays, sur la chaîne de télévision nationale Al Wataniya I. Il en fallait, car, de l’avis de certains, il y a urgence.
Tout d’abord, le chef de l’Etat a indiqué que les entretiens qu’il a récemment eus avec d’anciens ministres et personnalités nationales (Nouri Jouini, Mondher Zenaidi, Ahmed Nejib Chebbi et Mehdi Jomaa), interviennent suite à la vague de critiques dont il a été la cible. «Je les ai consultés», a-t-il affirmé, tout en les (les entretiens) qualifiant d’«initiative porteuse de prémices de solutions». Il précise cependant que le chef du gouvernement, Habib Essid, n’est concerné par aucun changement, s’il devait y en avoir. «D’ailleurs ceci ne relève pas de mes prérogatives».
Abordant la question de protestations ayant récemment secoué plusieurs régions du pays, Caïd Essebsi a maintenu ses déclarations faites antérieurement, selon lesquelles un grand nombre de manifestants appartiendraient à des mouvements politiques. Et de préciser: «Les rapports qui m’ont été soumis le prouvent».
Oui aux manifestations… pacifiques
Dans cet ordre d’idées, le locataire du palais de Carthage a affirmé ne pas s’opposer au droit de manifester, mais de façon pacifique. Il reconnaîtra au passage que «la réussite politique» s’est faite aux dépens de la situation socio-économique dans le pays et que rien n’a été réalisé par les gouvernements successifs post-révolution en faveur des régions marginalisées et des catégories faibles. Et BCE de rappeler: «Nous avions proposé un projet de loi sur la réconciliation économique mais il a été refusé par le Front populaire qui a appelé à descendre dans la rue, faisant fi des institutions constitutionnelles».
Toujours sur le plan politique, Béji Caid Essebsi a reconnu le retard accusé dans la promulgation des lois et l’installation des instances constitutionnelles. Mais ce retard s’explique, selon lui, par les divergences de vues entre les commissions parlementaires et l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi.
Diplomatie économique
Concernant sa tournée dans les pays du Golfe, le président de la République a insisté sur l’appartenance de la Tunisie à son environnement arabe et sa détermination à la raffermir davantage. D’ailleurs, il a assuré que malgré la crise engendrée par la baisse vertigineuse du prix du pétrole, ces pays ont manifesté l’engagement à soutenir la Tunisie.
A propos des relations de la Tunisie avec les pays occidentaux, le président de la République a affirmé que d’importants accords ont été conclus, en particulier en matière de lutte contre le terrorisme et dans les domaines économiques. Mais il estime nécessaire de mettre en place un climat plus favorable aux investisseurs étrangers.
Crise de Nidaa Tounès : Ennahdha n’est pas responsable
Abordant le volet “cohabitation et du rapprochement avec Ennahdha“, BCE a souligné que si cela a coûté cher à Nidaa Tounès, c’est plutôt les conflits de positionnement et la course aux postes qui sont à l’origine de la crise. «Ennahdha a juste été utilisé comme prétexte», a-t-il noté.
Il va plus loin dans son explication de la crise du parti qu’il a fondé. En effet, sur la question de «l’héritage politique» de Nidaa Tounès, le chef de l’Etat a répondu à ceux qui ont propagé pareilles allégations en les qualifiant «d’ignorants ou de mauvaise foi». Car, insiste-t-il, «je n’ai hérité de personne, j’ai été choisi par le peuple tunisien… Nous sommes dans une République».
Béji Caïd Essebsi a affirmé qu’à l’avenir il s’abstiendra d’intervenir dans les affaires des partis politiques. «Nous avons convenu de tenir la présidence de la République loin des partis politiques». Et de poursuivre: «J’ai décidé avec Ridha Belhaj d’écarter l’idée selon laquelle Nidaa Tounes est ancré à Carthage».
Justement à propos du cas de Ridha Belhaj, le président de la République a affirmé que ce dernier a démissionné et non révoqué, contrairement aux informations relayées par les différents médias.
Valeur travail pour sortir de la crise économique
Pour conclure l’entretien, Béji Caid Essebsi n’a pas manqué d’évoquer la valeur du travail pour relancer l’économie. Toutefois, il est convaincu que si nous sommes en difficulté, c’est parce qu’il y a absence d’entente entre les partenaires sociaux. Il a également mis en évidence l’importance de la solidarité de la classe politique…