L’association de consommateurs UFC-Que Choisir publie ce lundi une étude qui dénonce le manque de transparence des industriels dans l’étiquetage des produits transformés. Et pointe comme mauvais élèves, Sodebo, Père Dodu mais aussi Leader Price et Casino.
Trois ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, les pratiques des industriels ne semblent pas avoir changé. Dans son étude publiée ce lundi, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a scruté les étiquettes de 245 aliments de consommation courante à base de viandes (bœuf, porc et poulet), de 13 marques nationales et sept enseignes de la grande distribution. Elle dénonce le manque de transparence sur la provenance des viandes utilisées dans les plats transformés, et donne des noms.
«Nous avions réalisé une étude juste après le scandale en 2012. Nous faisions déjà un constat d’échec des engagements volontaires des industriels», explique Olivier Andrault, chargé de mission alimentaire à l’UFC-Que Choisir. Sur les trois viandes observées, le poulet remporte la palme de l’opacité, avec 74% des produits n’indiquant pas le pays d’origine de la viande, indique l’étude. Le porc prend la seconde place (57%), suivi du bœuf (30%). Toutes catégories confondues, c’est même plus d’un produit sur deux (54%) qui fait l’impasse sur l’étiquetage.
Le Gaulois, Charal, Marie, Findus et Zapetti, bons élèves
Les sandwichs sont les plus nombreux à ne pas jouer le jeu de la transparence: parmi les produits au poulet, 92% ne portent pas l’origine de la viande sur leurs étiquettes. Même constat pour les produits à base de porc, où 92% des sandwichs au jambon ne donnent pas l’information. Pour le bœuf, les sauces bolognaises sont les plus opaques en termes d’origine, avec 50% omettant l’origine de la viande. Et parmi les produits étiquetés, il s’agit dans 98% des cas de l’indication «origine française». «Il s’agit de politique de marque, précise le chargé de mission. Les mentions “traçabilité garantie” ou “choisi avec soin” ne veulent rien dire.»
Parmi les marques nationales, Le Gaulois, Charal, Marie, Findus et Zapetti sont premiers de la classe, avec 100% de leurs produits indiquant l’origine de la viande sur les emballages. Tout en bas du tableau, Sodebo, Père Dodu et Daunat se classent bons derniers avec…0% des produits indiquant l’origine de la viande. Du côté des marques de distributeurs, Intermarché prend la première place avec 84% de ses produits qui contiennent les informations, suivi de Carrefour (57%) et Système U (48%). Casino (24%) et Leader Price (23%) se classent en bas du tableau.
«Course à la marge»
Un manque d’informations qui pénalise le consommateur, estime l’UFC-Que Choisir, et qui s’explique par un blocage au niveau européen. «Il est inadmissible que les consommateurs n’aient pas accès à ces informations, ajoute Olivier Andrault. Un État membre ne peut obliger un industriel à indiquer l’origine de la viande, il faut que la Commission européenne bouge». L’association de consommateurs réclame donc l’adoption d’«une réglementation sur l’étiquetage obligatoire de l’origine nationale dans les produits transformés». Dans les prochaines semaines, la Commission devrait voter sur un projet de résolution, précise l’association.
L’UFC-Que Choisir dénonce l’argument, utilisé par les industriels, du coût supplémentaire que pourrait engendrer davantage de traçabilité. «Indiquer cette information sur les étiquettes ne représente qu’un surcoût de 0,7%, soit 1,5 centimes d’euro pour une barquette de lasagnes, lance Olivier Andrault. Les industriels disent que c’est compliqué. La véritable raison, c’est qu’il y a une course à la marge. La priorité n’est plus la qualité mais le prix le plus bas sur le marché mondial». «L’indication de l’origine apporte un avantage concurrentiel significatif aux entreprises et aux marques qui l’indiqueront».
Côté industriels, on ne dit pas non à l’obligation d’indiquer la mention de l’origine, mais à condition que cela ne pénalise pas les entreprises. «De nombreuses marques nationales leaders de leur catégorie proposent désormais cette information aux consommateurs, explique l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA). Nous pensons que cette dynamique sera naturellement amenée à se renforcer». Quant à l’impact sur la compétitivité de la filière, il devra être évalué à moyen terme, estime l’association. «Les filières agricoles et agroalimentaires de France contribuent positivement à la balance commerciale de la France, précise-t-elle. Nous exportons très majoritairement nos produits agricoles et agroalimentaires auprès de nos voisins européens».
AFP