Ouf de soulagement à la Chambre syndicale nationale des fabricants transformateurs de plastiques! Pour cause? Le ministère de l’Environnement et du Développement durable vient d’accorder un délai d’une année aux opérateurs du plastique avant la mise en oeuvre du projet de loi relatif à l’interdiction de l’importation, de la distribution et de la fabrication des sacs en plastique non biodégradables. C’est en tout cas ce qu’affirme le président de ladite Chambre, Noureddine Turki.
Mais disons-le tout de suite, c’est une décision qui aura de lourdes conséquences, car une année après, on se retrouvera à la case de départ: les industriels n’auront pas bougé, et donc demanderont un autre délai. C’est dommage!
Rappelons que le ministère de l’Environnement avait annoncé en janvier dernier son intention de soumettre, dès mars 2016, un projet de loi proposé par des députés à l’ARP (Assemblée des représentants du peule) en vue d’interdire l’importation, la fabrication et la distribution des sacs en plastiques non biodégradables, en vue de protéger la diversité biologique et limiter la pollution.
Lors d’une conférence de presse organisée jeudi 11 février, Turki a souligné qu’en attendant la promulgation de cette loi, la chambre prépare, en collaboration avec d’autres parties prenantes, une étude sur les alternatives à l’utilisation de sacs en plastique, de manière à protéger l’environnement tout en préservant les intérêts des industriels et de l’environnement.
Il a rappelé que la décision d’interdire l’importation, la distribution et la fabrication des sacs en plastique en Tunisie nuira aux intérêts des industriels qui ont des engagements financiers (avec les banques et les fournisseurs), tout en s’interrogeant sur l’issue des ouvriers travaillant dans ce secteur, lequel compte 100 entreprises employant environ 30.000 personnes en Tunisie.
Pour le président de la Fédération nationale de la chimie, Lotfi Hamrouni, le délai d’une année est insuffisant en ce sens qu’il ne permettra pas d’identifier des solutions de rechange d’autant que cette question nécessite des études durant plus d’un an, outre la mise en place d’une stratégie en la matière.
De son côté, Faycel El Bradaii, vice-président de la Chambre, propose de s’attaquer au problème de collecte des sachets en plastique, rappelant la taxe de protection de l’environnement (TPE) de 5%, payée par les industriels pour assurer la collecte des sacs en plastique, et dont la recette annuelle s’élève à 23 millions de dinars.
Bradaii estime que le programme ECOLEF, géré par l’ANGED, n’a pas joué pleinement son rôle dans ce domaine, appelant notamment les responsables à encourager les collecteurs des sacs en plastique à jouer leur rôle compte tenu de la baisse des prix de collecte des sachets en plastique, lesquels sont passés de 700 millimes à 500 millimes le sachet. «Il y a également lieu d’enlever 80% des sacs en plastique provenant des circuits parallèles et d’introduire de nouvelles technologies relatives aux sacs en plastique dégradables (oxo-dégradable, oxo- biodégradable ou biodégradable)”, a-t-il noté.
D’après lui, le climat de la Tunisie est favorable à l’utilisation des sacs oxo-dégradables qui se dégradent dans 20 jours, sauf que cette technique nécessite une étude pour s’assurer de son efficacité.
Des milliards de sacs très polluants sont jetés en Tunisie dans la nature défigurant le paysage du pays.