Chaises, fauteuils, salles à manger, chambres à coucher et d’enfants ainsi que des séjours en bois noble ou en panneaux MDF, mélangeant styles moderne, classique et artisanal, avec une tendance pour les couleurs claires (grège, blanc gris, beige, marron clair), occupent les halles de la 25ème édition du Salon du meuble de Tunis (du 05 au 14 février 2016) au parc des expositions du Kram.
Cette édition témoigne, d’après certains professionnels et exposants, d’un saut qualitatif dans l’industrie du meuble en Tunisie, en dépit d’une crise conjoncturelle que le secteur a connue au cours des dernières années. Un manque de main d’oeuvre qualifiée et une offre limitée, destinée à hauteur de 95% au marché local ainsi qu’une forte dépendance en matière d’intrants, en grande partie importés, constituent les principaux maux du secteur.
«C’est grâce à l’organisation de ce salon, où sont exposés des meubles purement tunisiens, que les professionnels ont fourni des efforts colossaux pour améliorer la qualité de leurs articles en intégrant des designs séduisants et fonctionnels, tout en suivant la tendance des couleurs», a affirmé à l’agence TAP, Abdelkrim Chaâbani, propriétaire d’une société de meubles à Hammamet qui en est à sa 23ème participation à ce Salon.
Chaâbani qui est également le designer de ses produits, a fait l’éloge des progrès que le secteur des meubles a enregistré sur un ton confiant en l’avenir de ce dernier, alors qu’il était installé sur une chaise de conception moderne, dont le dossier est revêtu d’un tissu vert, l’une des couleurs au coeur de la tendance pour les accessoires des meubles, devant une salle à manger fabriquée en bois hêtre, de teinte grise, faisant penser au marbre, tant sa surface est lisse.
“Aujourd’hui on a atteint un stade de maturité dans l’industrie du bois et de l’ameublement avec des procédures de fabrication conformes aux normes requises, lesquelles permettront de conquérir les marchés étrangers, qui demeurent le souci majeur de tous les professionnels”, a-t-il poursuivi.
Cependant, Chaâbani met l’accent sur la problématique de la mise à niveau des usines tunisiennes de fabrication des meubles “qui pourrait constituer un obstacle à l’exportation”. «Certes les articles exposés au salon du meuble sont de bonne qualité du fait que les industriels se préparent bien pour ce rendez-vous annuel, dans la mesure où certains industriels font recours à la sous-traitance pour garantir un meilleur produit offert à une clientèle exigeante et intéressée, soit plus de 100 mille visiteurs sont attendus», a-t-il souligné.
«Sauf que l’acheteur étranger ne s’intéresse pas uniquement à la qualité des articles exposés mais également aux normes de fabrication et aux matériaux utilisés dans les usines», a fait remarquer Chaâbani.
La part des exportations des meubles en Tunisie est faible, soit un taux de 15% dont la valeur ne dépasse pas les 80 Millions de dinars, destinées essentiellement à l’Europe et aux pays du Maghreb, d’après le ministre de l’industrie Zakaria Hamad.
Actuellement, le ministère prépare, avec le concours du Centre technique de l’industrie du bois et de l’ameublement (CETIBA), une stratégie de promotion des exportations en vue d’inciter les entreprises du secteur à davantage d’innovation et de création, l’objectif étant d’intensifier la participation aux foires internationales pour prendre connaissance des dernières tendances du meuble dans le monde.
Grandes variétés de meubles mais peu d’acheteurs en vue
S’avançant progressivement dans le stand du meuble contemporain, on s’arrête devant un stand présentant une panoplie de chaises et tables qui se caractérisent par une conception moderne, réalisées dans des formes géométriques simples avec une texture lisse et plate sans ornementation.
Fabriquées à partir de panneaux MDF, inox, métal et polycarbonate, aux couleurs claires donnant du reflet à des ramages de bois naturel, ces articles extensibles (tables, bureaux et chambres d’enfants superposées), sont durables et résistants, permettant de résoudre le problème de l’espace limité des logements, a assuré la responsable commerciale Rania Abdnadher.
Toutefois Rania a évoqué le problème de l’absence des grands centres d’achat, ce qui rend plus difficile la commercialisation des meubles en Tunisie.
Du contemporain vers le classique, les meubles ici sont lourds, se caractérisant par un style ancien avec des ornementations, des dorures et des motifs arabesques, en bois hêtre ou massif pour faciliter la sculpture et la ciselure.
L’industriel Mohamed Mlaih, propriétaire d’une société spécialisée dans ce genre d’ameublement, évoque la problématique du manque de main-d’oeuvre qualifiée, due à la disparition des centres de formation dans ce secteur ainsi que le recul de la demande des Tunisiens qui n’accordent pas d’intérêt aux meubles. “Seuls les couples qui se préparent au mariage sont intéressés par l’achat des meubles mais ils préfèrent toujours des articles à prix bas, alors que les meubles classiques coûtent cher, étant donné la qualité du bois utilisé qui est un bois noble importé (le prix du mètre de bois massif vaut 3.200 dinars) et la cherté de la main-d’oeuvre des sculpteurs et ciseleurs qui sont dans leur majorité des égyptiens”.
Au stand des meubles artisanaux, l’aspect traditionnel tunisien a dominé dans cet espace, avec des mobiliers (miroirs muraux, salons de séjours, éléments de rangement) fabriqués manuellement à partir du bois noble et du fer forgé, décorés par des motifs arabesques inspirés du patrimoine tunisien et revêtus par des tissus artisanaux.
L’aspect manuel et artisanal est prédominant dans l’espace arabesque où l’on a rencontré la gérante Thoraya Rhouma, qui a souligné la faible demande de meubles, expliquée principalement par la conjoncture difficile que vit le pays et le comportement du Tunisien qui n’a pas encore pris, d’après elle, l’habitude de renouveler les des meubles de son intérieur.
En dépit de tous ces articles de design variés et de bonne qualité, la confiance du consommateur tunisien quant à la qualité des meubles vendus en dehors du salon demeure faible.