La plupart des entreprises en Tunisie ont affirmé, lors de l’enquête annuelle sur le climat des affaires pour 2015, “ne pas avoir l’intention de se diriger vers les régions de développement prioritaire”.
L’enquête, réalisée par l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) auprès de 1200 entreprises sur la période allant du 1er octobre au 15 novembre 2015 et dont les résultats ont été présentés mardi 22 février à Tunis, indique, par ailleurs, que les chefs d’entreprise sont “incertains au niveau de l’embauche et de l’investissement”.
Selon les données recueillies, les entreprises structurées privées opérant sur tout le territoire tunisien, oeuvrant dans l’industrie et les services et employant 6 personnes et plus; ont exprimé une attitude de plus en plus pessimiste quant à l’évolution future de leur activité.
Le pourcentage de celles anticipant une hausse de leur activité a ainsi diminué, passant de 44% (enquête de 2014) à 33% (enquête 2015) au profit de celles qui privilégient une baisse (de 8% à 7% respectivement pour les enquêtes de 2014 et 2015).
Pour les entreprises optimistes qui envisagent d’investir, que ce soit à court ou à moyen et long termes, elles comptent, dans leur majorité, réaliser dans le même gouvernorat où elles sont actuellement implantées.
Situation sécuritaire et corruption
L’enquête a révélé une perception de l’environnement des affaires plus négative qu’en 2014. En effet, l’IPCA (un indicateur synthétique de perception du climat des affaires), élaboré depuis 2007, passe de 0.629 en 2014 à 0.627 en 2015. Selon l’enquête, plusieurs facteurs expliquent ce recul, à savoir la situation politique et sécuritaire, la corruption et le financement bancaire.
Bien qu’en 2014 la Tunisie ait réalisé avec succès les élections législatives et présidentielles, la situation politique est le facteur le plus défavorablement perçu, révèle l’enquête. La considérant comme instable, 53% des entreprises déclarent qu’elle constitue une contrainte majeure pour l’investissement et le développement de leur activité.
En plus du terrorisme en Tunisie, 47% des entreprises révèlent que la situation de la Libye nuit au climat des affaires et freine leur activité.
L’indicateur de perception relatif à la corruption a accusé une baisse substantielle entre 2014 et 2015, passant respectivement de 0.643 à 0.582. Une telle évolution dénote l’amplification de ce phénomène dans le cadre institutionnel. En effet, seuls 9% des entreprises enquêtées déclarent que la corruption s’est relâchée par rapport à 2014 alors 49% pensent qu’elle s’est accentuée.
Dans le même registre, 29% des enquêtés révèlent qu’ils ont été contraints d’effectuer des payements informels dans le cadre de leurs opérations avec des institutions publiques.
D’autres contraintes à caractère structurel entachent l’environnement des affaires. Il s’agit essentiellement du financement bancaire surtout pour les PME, des pratiques anticoncurrentielles et de la fiscalité dont la réforme tant attendue devrait privilégier la simplification des procédures, la transparence, l’équité fiscale et la globalité.
Baisse de l’absentéisme
Sur la base des déclarations des entreprises, le taux d’absentéisme passe de 6.66% (soit 20.5 jours d’absence par employé en moyenne pour l’année 2013) à 4.87% en 2014 (soit 13.5 jours d’absence par employé) avec un manque à gagner estimé à 1.25% du chiffre d’affaires de l’année 2014.
L’appréciation du climat des affaires est basée sur la perception que se font les chefs d’entreprise sur l’environnement réglementaire et institutionnel dans lequel ils opèrent et qui se rapporte aux domaines suivants: infrastructure, cadre macroéconomique et réglementaire, financement bancaire, fiscalité et charges sociales, situation sécuritaire, ressources humaines, procédures administratives et système judiciaire, pratiques dans le marché, corruption et situation politique.
Pour tenir compte de toutes les perceptions des chefs d’entreprise sur ces domaines, qu’elles soient positives ou négatives, un indicateur synthétique de perception du climat des affaires (IPCA1) est élaboré depuis 2007.