“Deux femmes sur trois en Tunisie souffrent de l’obésité et du surpoids”. C’est Leila Alouane, professeure en nutrition à l’Institut national de nutrition et de technologie alimentaire (INNTA), qui vient de faire cette inquiétante révélation.
Intervenant lors d’un atelier organisé, mercredi 24 février à Tunis, par l’Institut national de la consommation (INC) et consacré à la présentation d’études et de recherches sur terrain relatives aux modes de consommation en Tunisie, Alouane a précisé que l’obésité, qui touchait auparavant essentiellement les femmes, atteint depuis quelques années les hommes. Elle atteint également les enfants, notamment parmi la tranche d’âge 8-10 ans à un taux de plus de 45%, selon Alouane qui précise que 25% des enfants fréquentant les jardins d’enfants sont en surpoids.
La spécialiste en nutrition a mis en garde contre le phénomène de l’obésité en Tunisie qui provoquera d’autres maladies, telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer. Elle a imputé cette situation au changement des modes de consommation alimentaire des tunisiens, qualifiant cela de normal, compte tenu de l’évolution socio-économique et culturelle que la Tunisie a connue, au cours des dernières décennies.
Cette évolution, a-t-elle poursuivi, a causé une mutation du rythme de consommation et entraîné un changement en matière d’alimentation. Ce changement se caractérise par la qualité de l’alimentation, sachant que le Tunisien mange à l’extérieur et plus de 44% des nationaux prennent leur déjeuner dehors, en raison des engagements professionnels et scolaires des membres de la famille.
Alouane a encore fait remarquer “que les produits alimentaires achetés à l’extérieur sont composés de matières grasses et de fortes quantités de sel et de sucre causant des problèmes de santé à l’apparition des signes d’obésité”.
Elle a annoncé que l’INNTA a préparé avec le concours de l’INC deux programmes. Le premier dont le démarrage a eu lieu en 2014 porte sur la réduction de la consommation de sel, de sucre et de graisses dans les produits alimentaires industrialisés.
Le directeur de l’INC, Tarek Ben Jazia, a souligné que l’Institut a entamé la réalisation de deux études sur le développement des modes de consommation et leurs impacts économiques et sanitaires. La 2ème étude concerne la consommation des enfants et des adolescents et son impact sanitaire.
Selon les données publiées, l’obésité au sein de la catégorie d’age entre 3 et 5 ans est passée de 6,3% à 9,6%, entre 2006 et 2012, soit une hausse de 50%. Pour le responsable, le mode de consommation est expliqué par la modernisation du secteur commercial et le développement de la publicité commerciale, outre la hausse de la dépense et des importations des produits.