64% des Tunisiens affirment que la corruption (cadeaux, prestations de services et pots-de vin) en Tunisie a augmenté au cours de l’année 2015, selon une enquête réalisée par le bureau d’études et sondages d’opinion “One to One”, en collaboration avec le réseau de recherche sur la démocratie “Afrobaromètre”, sur un échantillon de 1.200 personnes dans 24 gouvernorats.
Selon les résultats de cette enquête, présentés jeudi 25 février à Tunis par Youssef Meddeb, directeur général de “One to One”, cette perception est fortement marquée chez les catégories des jeunes, dans la mesure où 71% des personnes de moins de 40 ans confirment cela.
Selon l’indice de perception de la corruption, la Tunisie a perdu deux points dans le score dudit indice.
En outre, la corruption figure parmi les problèmes fondamentaux qu’affronte la Tunisie après les questions du chômage, de la criminalité, de l’insécurité, de l’économie et de la pauvreté ainsi que de l’exclusion sociale.
Réalisée du 15 avril au 6 mai 2015, cette enquête a dévoilé que près de 50% des Tunisiens pensent que la totalité ou la plupart des hommes d’affaires sont impliqués dans la corruption, suivis des représentants locaux du gouvernement: collectivités locales et autres (32%), des employés de l’Etat (31%), de la police (27%), des agents des recettes des finances (23%), du président de la République et des responsables de son cabinet (18%), des juges et magistrats (17%), des députés de l’Assemblée des représentants du peuple (17%) et des leaders religieux (15%).
Interrogés sur les raisons de la non dénonciation des cas de corruption, 60% des Tunisiens justifient, le fait de ne pas signaler les cas de corruption, par la peur des conséquences de cette dénonciation alors que 7% des interviewés disent que la corruption est difficile à prouver et 6% expliquent leur refus par le fait qu’ils sont aussi considérés comme étant des corrupteurs (Lire aussi: Tunisie – Gouvernance: La plateforme électronique de dénonciation de la corruption a été lancée).
S’agissant des solutions proposées pour faire face à la corruption dans le pays, 7 Tunisiens sur 10 affirment qu’ils sont capables de faire la différence dans la lutte contre la corruption.
En effet, 40% des Tunisiens interrogés considèrent que la dénonciation est le meilleur moyen de lutte contre la corruption alors que 29% proposent, comme solution, le refus de payer des pots-de-vin.
En ce qui concerne le rôle des médias dans la lutte contre la corruption, 50% des Tunisiens conviennent que les médias doivent constamment enquêter et publier sur la corruption et les erreurs du gouvernement, alors que 16% considèrent que trop de publications sur les évènements négatifs -comme la corruption et les erreurs du gouvernement- sont nuisibles au pays.
En outre, 62% des Tunisiens considèrent qu’il y a une mauvaise performance du gouvernement dans la lutte contre la corruption.
Concernant la responsabilité des partis dans la lutte contre la corruption, 58% des Tunisiens disent que les partis au pouvoir sont les mieux placés pour combattre la corruption contre 37% qui estiment que cette question revient à l’opposition.
Les représentants de la société civile ont proposé à cette occasion d’adopter le projet de loi relatif à la protection des témoins, de sensibiliser les générations futures au problème de la corruption et de mettre en place une administration numérique, permettant d’éviter les contacts directs avec les citoyens.