Après avoir baissé relativement durant les premiers mois de l’année écoulée, la tension sociale a remonté fortement en décembre 2015. Le mouvement s’est poursuivi en janvier 2016, selon les rapports de l’Observatoire social tunisien.
La tension sociale est de nouveau à son paroxysme. Un an après le changement du leadership politique par le biais des élections législatives et la présidentielle de novembre-décembre 2014, le pays est de nouveau en ébullition, comme le constatent les rapports pour les mois de décembre 2015 et janvier 2016 de l’Observatoire social tunisien (OST), relevant du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), rendus publics mardi 23 février 2016.
Le présent rapport constitue le premier de l’année 2016. Ce mois a été témoin des plus importants mouvements de protestation depuis la création de l’Observatoire social tunisien en 2014.
Selon l’OST, janvier 2016 a été le mois le plus chaud socialement depuis la création de cette structure en 2014. Durant le premier mois de l’année en cours, l’OST a en effet enregistré 1.521 mouvements de protestation dont une majorité -1459, soit 96% du total- de manifestations collectives et 4% de protestations individuelles.
Plus de la moitié des protestations collectives (51,75%), étaient de nature violente reflétant, selon le rapport de l’OST, «un ras-le-bol collectif et d’une désillusion envers les promesses des instances étatiques».
Près du quart des manifestations collectives (395) étaient des mouvements de protestation spontanés. Ce dont l’observatoire tire la conclusion que «les citoyens continuent à intégrer ce mode de protestations afin de revendiquer et d’exprimer leur mécontentement et volonté».
Les manifestations de protestation collective sont dans l’ordre à caractère éducatif (595, 40,78%), sécuritaire (224, 15,35%), social (205, 14,05%), économique (164, 11,24%), institutionnel (148, 10,14%), sanitaire (19, 1,30%), etc.
Les mouvements de protestation individuels –suicides et tentatives de suicide- ont été au nombre de 56 dans 13 gouvernorats en janvier 2016.
La remontée de la tension sociale a débuté en décembre 2015. Durant le dernier mois de l’année écoulée, l’Observatoire social tunisien a enregistré 534 mouvements en décembre 2015, contre 390 en novembre 2015.
Pendant cette période, les mouvements collectifs de protestation sont passés de 349 en novembre 2015 à 477 (soit 89% du total) en décembre 2015, et les mouvements de protestation individuels de 41 (11%) en novembre 2015 à 57 en décembre de la même année.
Les mouvements de protestation collective et individuelle se sont concentrés en décembre dans cinq régions. La première est composée de trois gouvernorats (Tunis, Kairouan et Médenine) et s’est taillé la part du lion. En particulier Médenine, «témoin du plus grand nombre de protestations avec 41 mouvements (…) ce qui constitue une augmentation assez conséquente relativement au mois de novembre de la même année», souligne le rapport de l’OST.
La deuxième zone de tension sociale est constituée de cinq gouvernorats (Tataouine, Gafsa, Jendouba, Sfax et Kasserine), la troisième de trois (Kébili, Nabeul, et Sidi Bouzid), la quatrième de quatre (Gabès, Bizerte, Siliana, Manouba) et la cinquième de cinq (Béja, Zaghouan et Tozeur, Ben Arous et Ariana).