Finance : La nouvelle ligne de crédit du FMI à la Tunisie sera importante

Par : TAP

Le montant de la nouvelle ligne de crédit, qui devrait être accordée sur 4 années à la Tunisie, n’est pas encore arrêté, mais ne devrait pas être en dessous de celui de 2013, soit 1,74 milliard de dollars. C’est la bonne nouvelle annoncée par Robert Blotevogel, représentant permanent du FMI (Fonds monétaire international) en Tunisie, dans une interview accordée à l’agence TAP.

M. Blotevogel indiqué que les discussions sont en cours entre le gouvernement tunisien et la délégation du FMI qui effectue une visite à Tunis (23 février au 03 mars 2016), afin d’arrêter le programme de coopération bilatérale pour la période 2016/2020 et de parachever les négociations sur la nouvelle ligne de crédit.

Il précise que le niveau de l’appui financier qui servira à réduire les vulnérabilités macroéconomiques et à relancer la croissance sera “le résultat d’une élaboration d’un cadrage macroéconomique”.

Ce nouveau programme serait-il assujetti à la réalisation de nouvelles réformes?

Robert Blotevogel: Tous les objectifs assignés à ce nouveau programme de coopération sont déjà inscrits dans le cadre du plan de réformes présenté par le gouvernement tunisien, et il n’est nullement question pour le FMI de proposer de nouvelles réformes.

Le gouvernement tunisien a fait appel au FMI pour discuter d’un nouveau programme de coopération qui comprend un appui financier important. Ce programme, dont les grandes lignes ont été affinées dans le cadre du Plan quinquennal de développement (2016/2020), sert de point d’ancrage pour les discussions relatives à la mise en place d’un calendrier de réalisation des réformes que la Tunisie compte engager.

La Tunisie connaît des difficultés, avec une croissance de 0,8% en 2015 et un taux de chômage de plus de 15%. Quel tableau pouvez-vous dresser de la situation actuelle et des perspectives économiques du pays?

Bien que la situation économique du pays reste difficile, il faut néanmoins reconnaître que la conjoncture aux niveaux régional et international est tout aussi compliquée. Les défis majeurs que la Tunisie doit relever sur le plan économique, sont notamment le taux de chômage qui reste élevé et une croissance faible incapable de créer suffisamment d’emplois.

L’autre problème soulevé est la composition des dépenses du budget de l’Etat tunisien qui ne favorise pas suffisamment les dépenses d’investissements.

En effet, au cours des dernières années, la Tunisie a enregistré une augmentation importante des dépenses courantes qui a été accompagnée d’une certaine faiblesse au niveau de l’exécution d’un certain nombre de projets d’investissement.

S’agissant des perspectives pour 2016, le FMI table sur une croissance qui se rapprocherait de 2%, une projection annoncée en septembre 2015 et qui n’a pas encore été finalisée. Il faut reconnaitre, dans ce cadre, que la conjoncture a beaucoup changé depuis cette date, notamment après le dernier attentat terroriste perpétré dans le pays (24 novembre 2015) et la situation difficile que connaît le secteur touristique.

Pour le FMI, 2016 sera l’année de stabilisation et 2017 sera celle de la relance de la croissance de l’économie tunisienne, surtout si les signes de reprise enregistrés dans les industries minières continuent et si le secteur touristique arrive à retrouver son envol.

La Tunisie a du mal à maîtriser ses équilibres budgétaires, dès lors quel conseil du point de vue purement technique pourriez-vous lui donner pour sortir de cette situation?

Il faut tout d’abord reconnaître que la Tunisie est parvenue à stabiliser les grands équilibres du budget, grâce notamment à la réalisation d’une légère augmentation des recettes fiscales, mais la situation reste encore difficile, d’autant plus que l’exécution budgétaire actuelle de l’Etat se caractérise par une augmentation des dépenses courantes, notamment les salaires, et une réduction des dépenses d’investissement.

L’expérience d’un certain nombre de pays a révélé qu’un renforcement des dépenses d’investissement de l’Etat est à même de mettre en place les bases d’une croissance économique forte, inclusive et créatrice d’emplois, des enjeux majeurs pour la Tunisie qui a déjà entamé une démarche dans ce sens avec l’appui du FMI.

Nous sommes encouragés par la prise de conscience du gouvernement tunisien qui a mis en place un ensemble de réformes devant permettre de créer plus d’espace pour renforcer les dépenses d’investissement.

WMC/TAP