Un lieu, Bouargoub au Cap Bon. Un nom, Le Château. Vocation: centre d’animation, de loisirs et de tourisme écologique et rural.
Ceux qui font la route Tunis-Hammamet ou Hammamet-Tunis, ont dû voir, à gauche ou à droite de cette autoroute, une bâtisse sur la colline de Bouargoub avec une couleur dominante, le jaune.
Nous avons eu l’opportunité de visiter cet endroit féérique, enchanteur et pittoresque à la fois… les mots nous manquent pour décrire les lieux. C’était le samedi 27 février 2016. Dans ce qui suit, le promoteur du gîte, Ridha Hichri, nous raconte l’histoire “condensée“ de ce Château hors du commun.
Mais auparavant, il faut noter que M. Hichri est un passionné du tourisme écologique et rural, qui, dans ses pérégrinations de découverte de la richesse, des paysages et du patrimoine culturel du pays, fait en 1997, par un hasard des circonstances, la connaissance d’une ferme abandonnée. Invité par un ami à visiter les lieux, il tombe sous le charme de ce milieu naturel fortement boisé et relativement intact, avec des paysages aussi variés que pittoresques et un patrimoine culturel millénaire.
Immédiatement conquis, l’idée lui est venue de donner forme à un nouveau tourisme de niche, celui des gîtes ruraux.
Comme nous l’expliqua M. Hichri, cela ne fut pas un parcours tranquille. Mais à cœur vaillant, il réussit à réaliser son rêve.
En effet, entouré de quelques amis, il fonce pour créer un centre d’animation et de loisirs qui draine, chaque année, des milliers de visiteurs, notamment des étrangers.
Le récit de Ridha Hichri
Bouargoub se situe dans le sud du Cap Bon. Cette presqu’île qui entre 90 km dans la mer Méditerrané et qui s’étend comme un doigt tendu vers l’Occident. La fertilité de son sol, son climat doux et son taux de pluviométrie ont offert à cette vaste plaine une vocation agricole par excellence qui, à travers les siècles, a été sollicitée par les différents conquérants étrangers. D’abord, les Romains qui y fondèrent une cite qu’ils baptisèrent “Vina“.
Ensuite, vers la fin du 19ème siècle, la ville fut fortement peuplée par des Européens, et une bonne partie de ces terres était exploitée par des colons maltais, français et surtout italiens.
Au début du 20ème siècle, plus précisément en 1903, un Italien d’origine espagnole du nom d’Armando Garcia choisit le site de Bouargoub pour la qualité de son sol fertile, afin d’y cultiver l’un des vignobles les plus réputés du pays.
Au milieu des vergers et sur le point le plus culminant, il décida d’ériger une belle demeure dominant toute la plaine et lui offrant à la fois la jouissance des vues panoramiques imprenables et lui permettant de contrôler ces terres à perte de vue.
Au milieu de la Deuxième Guerre mondiale, Armando Garcia, en collaboration avec un autre aristocrate du nom d’“Armando le pharmacien“ et d’autres italiens, construisit sur la colline d’en face et à 800 mètres à vol d’oiseau un autre château destiné à recevoir de grandes personnalités, entre autres le Duce, Mussolini qui, semble-t-il, y aurait passé un court séjour et quelques réunions avec l’état-major de ses armées. Toutefois, seuls les historiens sont capables d’attester cette partie de l’histoire. En tout état de cause, nous avons pu apercevoir cette bâtisse.
Mais au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après la défaite des forces de l’Axe (dont faisait partie l’Italie), la situation des Italiens en Tunisie devint précaire.
La réaction des Français, vainqueurs de la Guerre, fut rapide: ils confisquèrent les biens des Italiens, y compris le fameux Château qui sera sous séquestre et servira d’habitation pour le directeur de la cave (un Français bien entendu).
Quelques années plus tard, après l’indépendance de la Tunisie, en 1956, le Château fut récupéré avec sa cave par l’Etat tunisien. Vers les années 70, on transforma la demeure en maison d’hôtes dotée surtout d’un restaurant gastronomique très renommé et presque réservé totalement à la fine crème de la société tunisienne: les juifs notables de la capitale, les hautes personnalités de l’Etat, gouverneurs, ministres, etc.
Pour le bonheur des convives, on invitait les artistes les plus en vogue de l’époque à s’y produire. Depuis, on a accordé le nom de “Bacchus“ (dieu de la vigne, de la fête et du vin) à ce joli restaurant qui était tellement fréquenté qu’il fallait réserver au moins 2 semaines à l’avance pour trouver une place.
Quelques années plus tard, et eu égard aux dégâts occasionnés par l’expérience du collectivisme, le gérant qui, par peur de se voir spolier de son bien par l’Etat, décida de le fermer.
Le Château fut abandonné et tombera en ruine, jusqu’à sa rencontre avec son nouveau promoteur, Ridha Hichri, qui lui offrira une nouvelle vie. Ce fameux site, que la nature a vêtu d’une verdure exceptionnelle, est aujourd’hui un complexe d’animation artistique et culturelle pour familles.
Situé dans un site pittoresque et envoûtant, ce gîte offre des moments inoubliables pour tous ceux qui ont horreur des bruyantes et disgracieuses villes modernes.
Loin de nous l’idée de faire la publicité de ce lieu, Le Château vaut la peine d’être visité. Et pour le ministère du Tourisme, l’endroit peut lui servir pour faire la promotion du tourisme écologique en Tunisie.
On n’en dit pas plus..
