La Tunisie est passée de 30 ingénieurs diplômés en informatique en 2000 à 12.000 ingénieurs en 2015, et ce grâce à une politique de diversification en créant un département d’informatique dans chaque université et dans chaque région.
Malgré tout ce qu’on dit, cette politique est unique en Afrique, car la Tunisie contribue à former le plus grand contingent d’informaticiens et d’ingénieurs informatiques dans toutes les spécialités du continent africain, loin devant le Maroc à titre d’exemple.
Cette stratégie est le pilier de la Tunisie numérique et un préalable nécessaire pour créer un Pôle d’engineering et de compétences pour attirer les grandes firmes logicielles internationales et pour permettre de constituer des champions nationaux pour l’exportation.
Ainsi, plusieurs SSII internationales comme SAB, SUNGARD, SOPRA, SAGEM, ST Microlectronics, HP, Ericsson, Alcatel se sont installées en Tunisie créant plus de 3.000 postes d’ingénieurs et exportant leurs services et leurs produits dans le monde.
En Tunisie, des SSII locales ont bénéficié de cette manne de compétences pour grandir, se développer et exporter leurs services et leurs produits atteignant parfois des tailles respectables de 200 ingénieurs. C’est le cas de BFI, VERMEG, ST2I, ARABSOFT, SIGA, PICOSOFT, ARCHIVEYORDOCS, OXIA (devenue Wevioo), IDEE, GI, ELITE, TECHPRO, etc.
Ces SSII exportent notamment vers l’Afrique subsahienne, mais aussi sur le marché européen en sous-traitance, et ce pour une valeur dépassant les 360 millions de dinars tunisiens en 2015 selon les chiffres de la Banque centrale. De ce fait, la part du secteur des TIC a dépassé celle du tourisme dans le PIB depuis 2015 -une année de référence-, en faisant balancer la Tunisie dans une économie de savoir avec plus de 7% du PIB.
Toutefois, en janvier 2016, la Tunisie comptait plus de 8.000 ingénieurs en informatique au chômage, selon les chiffres du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Ce qui est anormal, car un ingénieur, quel que soit le domaine, ne devrait pas être au chômage.
Donc, il est indispensable de les mettre à niveau, les former et les faire certifier. Car, dans un monde normalisé et standardisé, un diplôme d’ingénieur de Tunisie n’a aucune valeur face à une certification Microsoft, Oracle, CISCO, Java ou Linux.
Il faut souligner que la Tunisie avait, jusqu’à 2013, un excellent programme de certification des compétences, certes mis en place il est vrai sous Ben Ali, mais qui avait le mérite de fonctionner. A titre d’exemple et selon les chiffres du ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, plus de 1.300 ingénieurs ont été certifiés JAVA, fin 2013 début 2014 avec un résultant de plein emploi.
Or qu’est-ce qu’il a fait le gouvernement de Mehdi Jomaa par le biais de son ministre des TIC, Taoufik Jelassi? Il a eu l’idée magique de supprimer ce programme, mais pire, sans présenter une autre alternative.
Rappelons que disait GALILEE, alors qu’on le brûlait sur le bucher: “Et pourtant elle tourne“, en parlant de la Terre. Oui ce programme avait le mérite d’être fonctionnel, peu coûteux pour l’Etat car ce dernier conditionnait le paiement de la formation au secteur privé par la réussite du candidat dans le test de certification, si non aucun règlement.
Il faut savoir qu’un langage comme JAVA est le plus utilisé dans le monde et que la demande mondiale dépasse les 150.000 ingénieurs par an par l’industrie du logiciel.
Actuellement et selon la Chambre des SSII relevant de l’UTICA, il existe une forte demande extérieure pour les ingénieurs certifiés JAVA (on parle de 15.000 sur la Tunisie) et que le marché local demande, par an, plus de 400 ingénieurs certifiés.
Reprendre ce programme de certification sous une forme nouvelle, mais mise au goût du jour, est à même de permettre de former et de certifier les 8.000 ingénieurs au chômage sur les différentes technologies du marché, comme Cisco, Oracle, Java, Linux, etc. et de résoudre, au moins en partie, le problème du chômage des diplômés du supérieur.
Ceci étant, reconnaissons que l’un des problèmes de la Tunisie c’est le manque de courage d’admettre, une fois pour toutes, que certes sous le règne de Ben Ali il y avait une dictature de fer et un système d’économie de rente –personne ne peut le nier-, mais que malgré ou grâce à cela, certains programmes et/ou des mécanismes fonctionnaient. Dans ces conditions, pourquoi diable faire table rase de tout le passé? En tout cas voilà une idée qui devrait inspirer Nomaan Fehri, lui qui nourrit l’ambition de faire de la Tunisie, dans 4 ans, un pays complètement connecté.
A bon entendeur, salut!