A moins de 72 heures après la publication de la notation de la Tunisie par les agences Fitch Ratings et Moody’s –déjà pas très rassurante-, voilà que le pays vient de subir une attaque d’ampleur, dans une de ses régions frontalières avec la Libye, en l’occurrence Ben Guerdane.
Premier impact: la Bourse de Tunis a clôturé sa première séance du lundi 7 mars sur baisse de 0,64%.
Certes le sommet de l’Etat a pris des mesures à même de rassurer: le chef du gouvernement, Habib Essid, informe heure après heure le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, du développement de la situation (ils se sont rencontrés pour prendre les décisions qui s’imposent). Certes la situation semble sous contrôle, même s’il y a eu d’importantes pertes humaines. Mais, avouons que cette attaque terroriste est un nouveau coup dur pour l’économie tunisienne.
D’ailleurs, l’UTICA n’a pas tardé à condamner l’attaque terroriste à Ben Guerdane. En effet, dans un communiqué, elle fustige «l’attaque terroriste perpétrée à l’aube, dans la ville de Ben Guerdane, pour prendre d’assaut les institutions militaires et sécuritaires».
Tout en présentant ses condoléances aux familles des martyrs, le patronat a loué le courage des forces de l’ordre et de l’armée qui se sont opposées aux groupes terroristes.
L’UTICA saisit cette occasion pour lancer un «appel à toutes les parties afin de soutenir davantage les forces de sécurité et celles de l’armée nationale dans leurs efforts visant à préserver la souveraineté de la Tunisie et à assurer sa stabilité et la sécurité de son peuple…».
Côté bilan –hélas provisoire actuellement-, on parle de dix membres des forces de l’ordre et 7 civils tués, 28 assaillants abattus, selon les derniers chiffres communiqués par les départements de la Défense et de l’Intérieur.
Dans les détails, six gardes nationaux, deux policiers, un militaire et un douanier ont été tués dans l’attaque de Ben Guerdane, tandis qu’un membre de la Garde nationale, trois policiers, quatre militaires et un douanier ont été blessés dans l’opération.
Toujours selon les ministères de l’Intérieur et de la Défense, au moins 21 terroristes ont été abattus et 6 autres blessés et arrêtés. Maintenant, imaginons un seul instant si le raid américain n’avait pas eu lieu sur la ville de Sabratha en Libye.
Par ailleurs, des unités des forces de l’ordre et de l’Armée poursuivent les opérations de ratissage dans la ville de Ben Guerdane «pour traquer ce qui reste des groupes terroristes et sécuriser les points d’entrée et les zones sensibles de la ville».
A noter qu’un couvre-feu nocturne (19H00-5H00) a été décrété plus tôt dans la journée dans la ville de Ben Guerdane.
Cependant, comme nous le soulignait un banquier respectable de Tunis, il ne faut pas prendre cette situation à la légère, mais il ne faut pas non plus la surestimer. Nous nous relèverons, a-t-il dit.
Mais ce faire, l’Etat doit être fort et ferme. On ne badine pas avec la sécurité, sans laquelle il n’y a point d’investissement, et donc de développement. Il suffit de voir ce qui s’est passé en France après l’attentat contre Charlie Hebdo et les attaques terroristes de novembre dernier : modification de la Constitution, état d’urgence, et bien d’autres lois ont été votées au nom de la démocratie.