Au moins dix membres des forces de l’ordre ont été tués et 35 assaillants abattus dans l’attaque terroriste d’envergure qui a secoué Ben Guerdane (Médenine), poussant les autorités à décréter un couvre-feu nocturne dans la ville, et à fermer les accès à Ben Guerdane et Djerba, ainsi que les frontières avec la Libye.
«Il s’agit d’une attaque sans précédent, organisée et coordonnée pour, éventuellement, contrôler la région et y annoncer une nouvelle wilaya (province)», a déclaré Béji Caid Essebsi, reprenant la terminologie des groupes jihadistes, depuis la salle des opérations de la Caserne d’El Aouina à Tunis où il s’était rendu pour suivre les développements de la situation.
Selon un bilan officiel provisoire, cette opération terroriste, une triple attaque commencée à l’aube contre des districts de la Garde et de la sécurité nationale et d’une caserne militaire à Ben Guerdane, a fait une dizaine de blessés parmi les forces de l’ordre et l’Armée et s’est soldée par la mort d’au moins sept civils. Sept terroristes ont été arrêtés. Des unités des forces de l’ordre et de l’Armée poursuivaient dans l’après midi du lundi 7 mars des opérations de ratissage de la région, selon la correspondante régionale de la TAP.
Il s’agit de traquer d’éventuels autres assaillants et sécuriser les points d’entrée et les zones sensibles de la ville, ont indiqué les autorités. Les ministres de la Défense nationale, Farhat Horchani, et de l’Intérieur, Hédi Majdoub, ont été dépêchés sur place par le chef du gouvernement, pour suivre les développements de la situation et superviser les opérations.
Selon une source sécuritaire, des tirs de coups de feu ont eu lieu tôt le matin à Sabkha près du poste frontière de Ras Jedir. Un habitant de la région a confié à la correspondante régionale de la TAP qu’usant de la force, des passagers d’un véhicule tout-terrain ont réussi à s’approvisionner en carburant et se ravitailler en pain sur la route de Ouersina.
Les établissements éducatifs, administratifs et commerciaux à Ben Guerdane ont été fermés après cette attaque qui a provoqué un état de panique parmi les habitants de la région, a constaté la journaliste de la TAP.
Cette action intervient une semaine après un affrontement entre forces de sécurité et militaires et un groupe armé infiltré de Libye, qui s’était soldée par l’élimination de cinq membres du groupe. Une personne, blessée par une balle perdue, avait trouvé la mort dans cet affrontement.
Mais au-delà des victimes, cette nouvelle attaque risque peser négativement sur l’économie tunisienne, déjà chancelante. Alors que les habitants des régions du sud et du sud-est réclament des investissements afin de sortir de la marginalisation, on se demande comment peut-on, dans les circonstances actuelles, envisager pousser les hommes d’affaires à aller investir dans ces régions. C’est tout simplement impossible ou du moins très difficile.