«Je ne me soumets qu’à l’autorité de l’UGTT et à aucune autre, et Sfax ne s’en sortira pas à si bon compte, si vous vous hasardez à nous défier», c’est ainsi que se serait adressé Hédi Ben Jemaa, secrétaire général de l’UGTT Sfax à tous ceux qui ont affirmé à «Son Altesse sérénissime», la nécessité d’appliquer la loi pour ce qui est de l’évacuation de lieux de travail occupés illégalement.
A Sfax, Hédi Ben Jemaa est la loi, personne n’ose se mettre au travers de son chemin, personne n’ose lui résister. L’Etat? Existe-t-il encore? Est frileux, attentiste et pendant que des civils meurent à Ben Guerdane et que notre armée et nos forces de l’ordre se battent vaillamment sur le front pour défendre la souveraineté et le territoire national et tombent en martyrs, certains syndicalistes «patriotes» continuent à couvrir les grèves et sit-in illégaux et à fragiliser une économie vulnérable et un pays abandonné par le monde entier –ou presque.
A chaque fois que vous posez la question aux victimes des conflits sociaux, ceux qui risquent de perdre leurs emplois, aux citoyens qui se plaignent de la qualité de l’environnement, ou qui ne trouvent pas des réponses aux requêtes déposées auprès des autorités représentatives aux gouvernorats, la réponse concernant certains gouverneurs est toujours la même: «Ils sont incapables de prendre des décisions». Nous en avons parlé auparavant: le laxisme de certains gouverneurs friserait la complicité! (Lire notre article Tunisie – Petrofac: Le gouverneur de Sfax quémande une intervention auprès de la Jabha!).
Comment pourrions-nous résister aux vagues des actes terroristes qui ne font que commencer? Comment vendre le site Tunisie à des investisseurs terrifiés par l’instabilité sociale beaucoup plus que celle sécuritaire et peu confiants dans la capacité des autorités locales à juguler ces mouvements, appliquer la loi dans un état d’urgence et redresser une situation économique vulnérable?
Au moins deux grandes firmes sont occupées à Sfax avec des décisions d’évacuation rendues par la justice et qui ne sont pas exécutées par les forces de l’ordre à cause, paraît-il, de la frilosité du gouverneur. Petrofac et une autre grande entreprise sont assiégées, et ce Hédi Ben Jemaa aurait même menacé d’incendier Sfax si les forces de l’ordre intervenaient. Hédi Ben Jemaa serait-il un Néron ressuscité en moins grand, moins noble? Qui est-il pour bénéficier d’autant de puissance et pourquoi le bureau exécutif de l’UGTT ne le remet pas à l’ordre? (Ecoutez Hédi Ben Jemaa dans l’enregistrement ci-joint parlant de Petrofac, il ne reconnaît ni le gouvernement ni les autorités locales). Autant d’arrogance et de dépassements, nous ne pouvions rêver mieux pour une Tunisie en guerre. (Lire aussi : Tunisie – Economie: Les bandits vaincront-ils l’Etat?).
Sous d’autres cieux, d’autres entreprises ont souffert de la ferveur syndicaliste et de la faiblesse du patronat. Soness Mode et Cofivet, qui risquent de partir à tout moment suite aux superbes recommandations de de l’UGTT Ben Arous et au comportement irresponsable du 1er délégué et de l’inspection du travail qui ont conseillé aux travailleurs une baisse de rendement délibérée sur recommandation.
Par le soutien aveugle des véritables syndicalistes patriotes -car il y en a- à ceux qui se croient plus forts que la loi, que l’Etat et que les hauts intérêts du pays, la plus grande perdante est l’UGTT elle-même car cette institution, racée dont les exploits ont jalonné l’histoire de la Tunisie, est en train de perdre ses titres de noblesse.
La Tunisie a besoin de tous ses enfants: syndicalistes, travailleurs, investisseurs, opérateurs privés et acteurs de la société civile; elle a besoin de paix et d’un front intérieur solidaire et soudé. Notre patrie n’est plus en mesure de supporter de nouveaux dictateurs d’où qu’ils viennent, ou des individus imbus d’une force acquise alors que l’Etat était en déliquescence et qui ne veulent plus la céder quitte à mettre le pays à feu et à sang.