Selon un sondage effectué, il y a quelques semaines, par Sigma Conseil sur la perception des Tunisiens du drapeau national, 98,8% des sondés se disent attachés à ce symbole tandis que 1,1% se déclarent contre. Autrement dit, quelque 100.000 «Tunisiens» ne croient pas à ce symbole de la République, ce qui est énorme.
La communauté opposée, ici, est de toute évidence les troupes de Hizb Ettahrir et le reste des djihadistes islamistes qui ont toujours brandi le drapeau noir de Daech.
Ce constat m’est revenu à l’esprit, ces jours-ci, en assistant aux débats houleux et stériles sur les plateaux audiovisuels quant à l’origine et à la nationalité des terroristes qui ont attaqué le village frontalier de Ben Guerdane et à la manière avec laquelle ils ont cherché à s’y sanctuariser.
Il me semble qu’il est inutile de chercher de quel pays ces barbares sont venus: ils sont bien de chez nous et parmi nous. Ce sont les cellules dormantes de Daech lesquelles, avant d’apprendre le maniement des armes en Libye et ailleurs, ont été endoctrinées, 5 fois par jour avec un cours magistral le vendredi, dans les 6.000 mosquées que compte le pays. Des lieux de culte contrôlés majoritairement par des fidèles du partiEnnahdha, premier parti du pays après la dislocation du parti Nidaa Tounès au nom d’un consensus politique qui risque, même s’il est souhaitable dans l’absolu, de nous coûter très cher tant que ce parti n’a pas résolu définitivement son identité avec la religion.
Le cauchemar : une armée de 100.000 daechiens attend le feu vert
Conséquence: le pire nous attend dans la mesure où les assaillants de Ben Guerdane étaient au nombre de 50/60 officiellement, mais d’une centaine selon plusieurs sources, et ce sur un potentiel total de 100.000 djihadistes.
L’attaque de Ben Guerdane serait à la limite une tentative pour tâter le pouls, voire une diversion. Car le plus gros des troupes se terre encore dans tous les villages du pays et constitue une véritable armée plus nombreuse que l’armée nationale dont l’effectif avoisinerait, d’après nos informations, entre 40 et 50.000 personnes.
La matrice du mal…
Cette “armée du mal“ bénéficie, en quelque sorte, de la protection du gourou Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, qui a récemment déclaré à Sfax, au lendemain du bombardement par les Américains de la ville libyenne de Sabratha, que les daechiens tunisiens bombardés en Libye étaient «les enfants égarés de la Tunisie» et que c’est aux autorités tunisiennes de les ramener à la raison.
Cette armée de djihadistes bénéficie également de l’encadrement et de la logistique des imams-prédicateurs. D’ailleurs, l’appel à la prière à l’aube lors de l’attaque terroriste contre Ben Guerdane a été interprété par certains voisins de la mosquée jouxtant la caserne attaquée comme le signal pour le déclenchement de l’assaut. Cet appel à la prière n’était pas comme d’habitude, c’est-à-dire commençant par «Allah Akbar». Il a été effectué, d’après le président du syndicat des prédicateurs, Fadhel Ben Achour, selon les rites de la secte islamique ElKhaourej en commençant par «La ilah illa Allah», ce qui serait un message codé pour les terroristes.
Interpellé, ledit imam, Djilani Guerfel, a raconté une histoire très bizarre au site électronique Sabah news. Après l’appel, il aurait terminé la prière avec des fidèles alors que des échanges de tirs nourris avaient lieu à quelques mètres de là. Quel courage! Et quelle foi!
Moult dysfonctionnements
Lors de sa conférence de presse tenue après l’assaut, le chef du gouvernement, Habib Essid, a déclaré que l’assaut a été mené à partir de la mosquée. Mais le ministre des Affaires religieuses a blanchi l’imam de toute implication dans l’assaut.
La question qui se pose dès lors est la suivante: qui croire, le ministre des Affaires religieuses ou le chef du gouvernement, Habib Essid? Il y a là encore un manque d’harmonie criard entre les membres de l’équipe gouvernementale.
L’exécutif et le législatif étaient informés depuis deux mois de l’assaut
Trois autres dysfonctionnements méritent d’être signalés. Premièrement, le gouvernement était au courant de l’assaut depuis le 22 décembre 2015 d’après Neji Zairi, rédacteur en chef de la radio privée Mosaïque FM, qui s’exprimait sur la chaîne de télévision publique El Watania 1. Il a brandi lors de son passage à la télévision un document attestant ses dires et dont une copie a été transmise au ministère de l’Intérieur.
Deuxièmement, le député de l’UPL, Tahar Fadhil, originaire du gouvernorat de Médenine, aurait informé le président de l’Assemble des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, de l’imminence d’une attaque, seulement ce dernier n’a pas daigné réagir.
Troisièmement, le député Imad Daimi a fait deux révélations fracassantes sur le déroulement de l’assaut. Primo, «les forces tunisiennes se seraient retrouvées en court de munitions en pleine attaque terroriste et ont dû attendre une heure pour être ravitaillées». Secundo, l’hôpital du village était sous-équipé pour répondre à la demande et n’était pas approvisionné en quantité suffisante de sang.
Bien que ces deux révélations aient été démenties officiellement, il n’en demeure pas moins qu’une ambiance malsaine existe au sein du gouvernement et de l’ARP. Qui en est responsable? Les deux vieillards.