Tunisie – Energies : Mongi Marzouk face au casse-tête des hydrocarbures?

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Chargé par le chef du gouvernement, Habib Essid, de régler au plus vite le problème que pose l’article 13 de la nouvelle Constitution -qui stipule que les conventions ratifiées au sujet des hydrocarbures et les contrats d’exploitation relatifs à ses ressources sont soumis à la commission spécialisée au sein de l’Assemblée des représentants du peuple- à la gestion de ce secteur, Mongi Marzouk, nouveau ministre de l’Energie et des Mines, s’est attelé rapidement à la tâche. Un mois après son entrée au gouvernement, il a pris le taureau par les cornes et s’est présenté le 17 février 2016 devant la Commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure et de l’environnement, de l’ARP pour essayer de trouver avec ses membres la solution attendue depuis trois ans à ce problème et plus spécifiquement pour débloquer le dossier de la prorogation des permis de Franig et Bagel.

Le ministre de l’Energie et des Mines s’est présenté aux députés la main tendue. “Nous sommes soucieux de faire en sorte que notre secteur soit ouvert sur toutes les parties prenantes. Nous voulons adopter une démarche participative et transparente, et travailler dans le cadre de la Constitution et de la loi, et œuvrer à ce que ce cadre soit au service de l’économie du pays”, a clamé Mongi Marzouki dans son court speech d’ouverture. Une démarche qu’il entend concrétiser rapidement en organisant bientôt des journées portes ouvertes pour poursuivre le débat sur le dossier des hydrocarbures.

M. Marzouk a également dévoilé les deux axes de son action destinée à “garantir à la Tunisie d’aujourd’hui et aux générations futures l’approvisionnement en énergie à des prix raisonnables”. A court terme, le ministre entend achever la mise en place du cadre légal des énergies renouvelables. A plus long terme, il va se consacrer à “actualiser le code des hydrocarbures pour le mettre en conformité avec les exigences de transparence, de bonne gouvernance et l’approche participative et pour qu’il encourage la poursuite de la prospection”.

Bien que le courant soit passé entre les députés et le ministre de l’Energie et des Mines, cette première audition n’a pas permis de débloquer la situation. Bien au contraire, elle a confirmé que le blocage reste total. Car les membres de l’ARP demeurent suspicieux à la fois à l’égard de la gestion passée du secteur des hydrocarbures mais également vis-à-vis des hommes qui, hier au sein de l’ex-ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, et aujourd’hui au ministère de l’Energie et des Mines, en avaient et en ont la responsabilité. Ceux-ci ont en effet été sévèrement critiqués par certains membres de la Commission, dont en particulier la députée Samia Abbou (Courant démocratique).

D’ailleurs, une précédente réunion entre les députés et les responsables du dossier des hydrocarbures tenue quelques jours plus tôt s’était soldée par un échec. Le ministre de l’Energie et des Mines, qui en avait été informé, a expliqué aux députés qu’il en avait parlé le matin même du 17 février avec son équipe “pour essayer de trouver une solution en tenant compte de l’intérêt du pays”.

Face à ce barrage, Mongi Marzouk s’est dit prêt à se conformer au choix que feront les députés: proroger les deux permis en question ou, au contraire, opter pour le lancement d’un nouvel appel d’offres pour sélectionner un nouvel opérateur.

Constatant l’impasse, Ameur Laarayedh, président de la Commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure et de l’environnement de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a décidé d’accorder un délai de réflexion supplémentaire aux deux parties.