L’écosystème dédié à l’éclosion des start-up, après avoir gagné sa bataille pour exister, se donne le challenge de performer.
Mercredi 3 février, l’association “Carthage Business Angels“ (CBA) tenait son conseil extraordinaire. Jalloul Ayed, son premier président d’honneur, quittait le navire. Sans toutefois larguer les amarres, prenant l’engagement de rester sur orbite, devant les représentants de cette souche d’investisseurs dits “providentiels“, qui se dévouent au financement des start-up. C’est Ahmed El Karm, V/P d’Amen Bank et actuel président de l’Association professionnelle des banques, qui lui succède. Trois ans, après son démarrage, CBA semble amorcer sa marche vers la maturité.
CBA… une marche victorieuse
Même si, en rendant le tablier, Jalloul Ayed considère que l’on est “loin du compte“, l’Association, sans qu’on la voie avancer, a fait du chemin. L’ancien ministre des Finances, grand défenseur de la finance alternative, a apporté tout son soutien à ce véhicule de fonds propres (Equity) dédié aux start-up qui sont le sel de la terre en matière de promotion de nouvelles pousses technologiques.
Le président sortant aurait souhaité voir les Business angels réseauter davantage dans les régions de l’intérieur pour apporter du coaching aux jeunes talents. Chaque chose en son temps, a rétorqué Mondher Khanfir, SG de l’association, et Maher Kallel de rajouter que CBA a déroulé la première composante de son programme en trois ans, ce qui est le délai “normal“ en environnement d’affaires tunisien. Et même si dans son bilan, Jalloul Ayed relève que les start-up biologiques, dites scientifiques (Spin off), surclassent les technologiques, le parcours de CBA n’en est pas moins louable.
A présent, l’écosystème dédié à la prolifération des start-up est viable et il tient la route.
Un écosystème opérationnel
On les compterait sur les doigts d’une seule main. Ils étaient habités par la foi. Ils ont pris fait et cause pour la start-up et visiblement leur effort a pris en activant CBA et en faisant pousser le réseau de sponsors nécessaires. Outre qu’ils entendent aller plus loin et doter la start-up d’un cadre juridique approprié.
Hichem Ben Fadhel, chef de ce projet dans le cadre de Tunisie Digitale, a lancé un appel pressant aux BA pour apporter leur contribution. Des bonnes volontés se sont manifestées séance tenante.
Point crucial, le financement surtout en phase Early stage, si délicat, si capricieux, des start-up à leur naissance, a pris forme dans notre pays, notamment grâce à CBA. Les BA ont pris une part active et méritoire à initier et développer la culture du capital-risque dans les mœurs financières de la place de Tunis. A ce stade, il faut rappeler que le financement des start-up technologiques nécessite un business model précis. A présent, le système tourne et le métier s’installe sur la place et il faudra s’atteler à les développer.
Les sponsors sollicités par CBA ont été de l’aventure et on peut citer notamment GIZ, AFD ou USAID. Des programmes ont été mis sur pied. On peut citer Mobility, qui a réussi et qui a été relayé, ultérieurement, par le campus ESPRIT. Le dernier en date étant Start ‘Act.
Par ailleurs, des fonds d’amorçage se sont constitués tel Kapitalis, géré par UGFS, fonds souverain qatari, ou INNOVEST, fonds tunisien, initié par Mehdi Khemiri.
C’est un grand pas qui a été réalisé car le fait d’institutionnaliser les fonds d’amorçage, et en obtenant leur défiscalisation totale et sans plafond, c’est un acquis pour le métier, outre qu’il sécurise les investisseurs. Et les leviers de financement existent désormais. Les jeunes promoteurs en early stage, période extrêmement risquée de la vie d’un projet, disposent désormais d’un certain nombre d’interlocuteurs et peuvent monnayer leur projet.
Les deux éléments qui manquaient à l’appel ont été formalisés, en partie, grâce aux efforts des BA. Et cela a été développé lors de l’académie qui a suivi le conseil. L’arsenal juridique actuel parvient à sécuriser, même s’il demeure perfectible, les inventeurs préservant leurs droits d’auteurs, de même que l’exposera Me Sami Kallel, et désormais, en forçant le trait, Aymen Errayes validera un mode d’évaluation des brevets technologiques. Il plaidera pour une évaluation selon le mode de calcul de l’option financière, qu’il rapprochera, avec un certain humour, du principe du ‘’Arboun’’, comprenez les arrhes. Et in fine, Mehdi Khemirir exposera un cas pratique d’évaluation d’une prise de participation. Il a manqué un expert boursier pour illustrer le scénario de sortie.
Institutionnaliser les fonds d’amorçage
Quel apport pour un président d’honneur de CBA était la question sermon de Mondher Khanfir à l’adresse d’Ahmed Karm qui arrivait avec une proposition concrète. Le financement des start-up ne pouvant être assuré par les banques faute d’incompatibilité de métier, l’astuce serait donc d’amener les banques à promouvoir les fonds d’amorçage. De la sorte, elles créent la passerelle pour récupérer les start-up qui auront réussi. A l’évidence, Ahmed El Karm ne manquera pas d’impliquer le réseau bancaire pour dynamiser le maillage de CBA dans les régions de l’intérieur.
A coup sûr, l’âge d’or des start-up est devant nous.