Le mérite récompensé, la ténacité et la persévérance de Khaoula Khedimy Boussema, présidente et CEO d’Enactus Tunisie, ont été gratifiées. Celle qui a présidé aux destinées du programme de développement de l’entrepreneuriat à l’université depuis 7 ans et qui l’a imposé sur la scène universitaire en Tunisie a relevé le défi. Aujourd’hui, Enactus, qui avait démarré en tant que SIFE sous l’égide du Centre des jeunes dirigeants, s’est affranchi de la tutelle du jeune CJD et s’est doté d’une entité autonome, tout en restant un partenaire privilégié.
Enactus Tunisie est né! Il a fallu beaucoup de travail pour y arriver, de la conviction et la foi en la capacité de la jeunesse tunisienne à créer, innover, s’impliquer, s’investir et réussir. Les équipes, encadrées par Khaoula Khedimy Boussema depuis 2009 (date du lancement du programme sous l’égide du CJD), ont dû apprendre au fil du temps à se projeter en tant qu’entrepreneurs et à raisonner en tant qu’initiateurs de projets revêtant aussi bien une dimension sociale qu’environnementale. De volontaires engagés dans le soutien à des groupes sociaux vulnérables par l’encouragement à la création de petites entités entrepreneuriales.
«En 2009, rappelle Monia Jeguirim Essaidi, Chairwoman Enactus ex-SIFE, dans une allocution prononcée à l’occasion de la célébration toute récente de la naissance officielle d’Enactus Tunisie, ne comptait que 7 équipes d’étudiants, 2 partenaires institutionnels et 4 partenaires du secteur privé. Depuis, que de chemin parcouru que de travail accompli avec brio grâce au chef d’orchestre engagé et passionné qu’est Khaoula Khedimy Boussema».
La directrice exécutive du programme a pu en effet, au bout de 7 ans, porter le nombre d’institutions universitaires publiques et privées à 35 avec un réseau de plus de 2.200 étudiants où l’engagement féminin dépasse largement les 60%. La Tunisie détient le meilleur taux de participation féminine à l’échelle du réseau mondial. Le programme compte également aujourd’hui 5 partenaires institutionnels dont la Konrad-Adenauer stiftung et 19 partenaires du secteur privé tunisien.
Enactus est plus encore une pépinière de jeunes entrepreneurs qui rejoindront ensuite des institutions patronales telles le CJD, l’UTICA ou la CONECT pour renforcer le tissu entrepreneurial national. Ils sont accompagnés dans ce parcours jalonné de défis par la communauté de business leaders, et des universitaires qui s’engagent à utiliser la libre initiative pour favoriser le progrès.
Les projets mis en place par les étudiants depuis le lancement du programme sont nombreux à être dirigés par d’anciens chômeurs ou gérés par des associations opérant dans le secteur artisanal ou dans les petits métiers. Les idées telles celles des serviettes hygiéniques lavables à l’intention des jeunes pensionnaires issues de milieux sociaux démunis se sont imposées et représentent aujourd’hui un gagne-pain pour certains et une délivrance pour des jeunes en souffrance parce que dans l’impossibilité de se doter d’un minimum de confort et d’hygiène.
D’autres idées ont servi modestement à sauver des chômeurs du désespoir et de l’inactivité. Outre son rôle dans l’instauration d’une culture entrepreneuriale où les dimensions sociétales et environnementales sont capitales, Enactus a permis à des jeunes étudiants de se découvrir eux-mêmes un potentiel qu’ils ignoraient. Soit des capacités entrepreneuriales inouïes, des qualités humaines et une détermination surprenante, sans oublier la rivalité positive entre différentes équipes et universités qui ont poussé les étudiants à se surpasser pour gagner le championnat national et participer à la compétition internationale.
«L’entreprise est la vie, c’est elle qui crée la richesse, la valeur et l’emploi, et c’est elle aussi qui favorise la stabilité et la cohésion sociale», a assuré à l’occasion Wafa Laamiri, présidente du CJD.
«Nul n’est programmé génétiquement pour devenir entrepreneur, on ne naît pas entrepreneur. L’entrepreneuriat est un mode de comportement, c’est une attitude qui peut être encouragée, favorisée, contrariée, soit, mais on peut apprendre à modifier son comportement et on peut y arriver». Il s’agit là des mots que nous pouvons lire dans l’étude de Kets de Vries et de Stevenson publié en 2007. C’est à cela que s’est attelée Khaoula Khedimy Boussema depuis la création du programme de développement à l’entrepreneuriat à l’Université. Sa mission première a été de se doter et des moyens et du cadre adéquat pour ancrer et insuffler chez eux l’esprit d’entreprendre.
Elle y a réussi et pour preuve, la célébration de la création d’Enactus Tunisie a vu la présence d’au moins 4 ministres dont Chiheb Bouden (ministre de l’Enseignement supérieur), Samira Maraï (ministre de la Femme), Nomane El Fehri (ministre des Technologies de la communication et l’Economie numérique) et Slim Chaker (ministre des Finances).
Mais elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et soutenue par Monia Essaidi, présidente du Conseil d’Administration d’Enactus Tunisie, elle compte d’ici 2020 : conquérir la majorité des universités et écoles supérieures, intégrer dans le programme les centres de formation professionnelle où la donne entrepreneuriale est quasiment absente, atteindre le chiffre de 12.000 étudiants, mobiliser 2.000 dirigeants et chefs d’entreprise mentors pour accompagner nos étudiants dans leur aventure entrepreneuriale et les bénéficiaires de leurs projets, et créer plus de 300 projets et de start-up durables, soit 75 projets par an.
Que veut le peuple? Espérons que d’ici là le climat socioéconomique sera plus serein et que les politiques et stratégies publiques d’encouragement à l’entrepreneuriat seront plus audacieuses et plus engagées.