L’absence de cadre réglementaire n’encourage pas les transporteurs tunisiens à utiliser les carnets TIR (Transport international routier), d’autant que leur présence sur le marché de transport international est quasi nulle. C’est ce qui ressort d’un séminaire, organisé jeudi 10 mars, sur le projet «Euromed Regional Transport».
Jean Acri, expert en facilitation des passages frontières et TIR, a pointé de doigt le manque de connaissance de l’opérateur tunisien des bénéficies que le système TIR peut lui apporter en ce qui concerne la réduction des coûts et le raccourcissement des délais de transport surtout quand il y a plusieurs points de chargements ou de déchargements ou quand il y a plus d’une frontière à franchir.
Il a expliqué lors de ce séminaire organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, que l’existence de facilitations offertes des deux côtés de la Méditerranée rend le régime TIR «pas nécessairement attrayant» pour les transporteurs tunisiens.
L’expert a également souligné la nécessité d’identifier de façon précise les opérateurs et les trafics qui peuvent bénéficier du système et de mettre en oeuvre le cadre réglementaire permettant l’activation du régime TIR, et ce à travers la réalisation d’un acte juridique désignant la douane comme autorité compétente y compris pour la question de l’agrément du véhicule.
Simplification des procédures
S’agissant des avantages du régime TIR, Jean Acri a cité la simplification des procédures puisqu’il y a un seul document qui accompagne la marchandise de bout en bout, la réduction des coûts et l’accélération du passage aux frontières.
De son côté, Fraj Ali, directeur général du transport terrestre au ministère du Transport, a signalé que la Tunisie a ratifié depuis 1977 la Convention douanière relative au transport international de marchandises sous le couvert de carnets TIR (convention TIR) de 1975.
Cependant, des handicaps ont entravé la mise en oeuvre cette convention, a-t-il indiqué, faisant remarquer que la douane serait la meilleure structure apte à délivrer la validation des carnets TIR.
Pour sa part, Fathi Zouari, président de la Chambre syndicale nationale des transporteurs routiers de marchandises pour autrui, a fait remarquer que les carnets TIR ne sont pas utilisés par les transporteurs tunisiens étant donné qu’il n’existe, pour le moment, aucun transporteur tunisien qui opère dans le transport international. “On ne peut pas accéder au marché européen et on ne peut pas avoir facilement une représentation à l’étrange”, regrette-t-il.
Fathi Zouari a aussi évoqué les difficultés d’accéder aux frontières pour les chauffeurs en raison de la nécessité d’avoir un visa, la non maîtrise des langues étrangères et le manque de connaissance de la réglementation douanière.
Intervenant à cette occasion, Mounir Mouakhar, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, dira que la dynamisation du régime TIR en Tunisie sur les plans logistique et législatif vise à renforcer la compétitivité des entreprises exportatrices, ajoutant qu'”un décret spécifique à la gestion du régime TIR est vivement recommandé”.
Le projet Euromed Regional Transport RRU (route, rail et transport urbain-Euromed RRU), qui a permis de réaliser une étude sur les causes de la non utilisation des carnets TIR (Transport international routier) par les transporteurs tunisiens, devait s’étaler sur une période de trois ans (du 20 décembre 2011 au 31 décembre 2014). Cependant, il a été prolongé jusqu’en fin décembre 2016 dans l’objectif d’apporter un soutien au déploiement du Réseau Transméditerranéen des Transports en développant un cadre réglementaire approprié ainsi que des conditions opérationnelles pour faciliter le transport transfrontalier.
Le projet qui vise également, à améliorer la sécurité du transport terrestre et promouvoir un transport urbain durable et efficace, concerne l’Algérie, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine et la Tunisie.