Après avoir adopté la pire des politiques dans la région MENA, Barack Obama, en fin de règne, annonce presque sa propre rédemption, en tout cas à la lecture des déclarations qu’il a faites au Magazine «The Atalntic» dans un entretien accordé au journaliste Josef Joffemar.
Les politiques américaines dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont eu des conséquences désastreuses sur toute la région. Des guerres fratricides avec des centaines de milliers d’innocents assassinés sauvagement par des fanatiques islamiques soutenus par la force des lobbys de l’islam politique, pendant longtemps protégés par l’establishment américano-britannique. Ceci sans oublier les millions de réfugiés!
Des centres d’études baptisés «Islam et démocratie», dont les acteurs ont pu accéder aux plus hauts postes de décision de ces pays et les ont convaincus de la possibilité de concilier islam politique et démocratie, ont œuvré à la naissance d’armées de jeunes fanatiques qui existent partout dans le monde et qui menacent aussi bien la paix dans leurs propres pays que dans ceux qui leur ont offert leur protection.
Entre réalisme et real politique et idéalisme, où en est Obama au bout de 7 ans de pouvoir? «Nous ne pouvons pas effacer toute la misère du monde», indique le président américain. Qui vous l’a demandé? Il ajoute: «Le Moyen-Orient n’occupe pas le haut du pavé des intérêts américains». Mais alors pourquoi déstabiliser toute la région? Obama réalise aujourd’hui que le prix de ce que nous pouvons appeler «interventionnisme américain» est plus élevé que celui de sa neutralité.
Il admoneste la France et la Grande-Bretagne lesquelles, paraît-il, n’ont pas assuré la relève après la campagne de l’OTAN en 2011, qui a, non seulement, détruit la Libye mais qui en a fait aujourd’hui le fief des armées de Daech. Les profiteurs l’agacent, déclare-t-il, faisant allusion à ses alliés européens qui ne s’engagent pas financièrement dans les batailles qu’ils livrent et n’honorent pas les coalitions militaires qu’ils signent. «La Libye est plongée dans le chaos, constate le président américain… Lorsque je me demande pourquoi cela a mal tourné, je réalise que j’étais convaincu que les Européens -étant donné la proximité de la Libye- seraient plus impliqués dans le suivi». Il n’hésite d’ailleurs pas à pointer du doigt l’ancien dirigeant français: «Nicolas Sarkozy voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes».
Les USA ont investi des trillions de $ dans leurs guerres en Irak, en Syrie et en Libye. Ceci sans compter les lignes de financement comprenant des montants faramineux qu’ils ont accordés à leurs fidèles serviteurs dans la société civile dans la zone MENA.
Le terrorisme est né de la volonté américaine d’imposer son hégémonie dans le monde. Aujourd’hui aussi bien les USA que l’Europe risquent d’en payer le prix fort. Bien que le sieur Obama estime que le terrorisme fait moins de morts dans son pays que les armes à feu, les accidents de voitures ou les chutes dans les baignoires. Il se rattrape toutefois en assimilant Daech au «jocker de Batman» qui a la capacité de mettre la zone MENA à feu et à sang: «C’est pour cela qu’il faut les combattre».
Il reconnaît l’intelligence de Poutine en précisant que le président russe s’est toujours montré respectueux à son égard: «En vérité, Poutine, au cours de tous nos meetings, est scrupuleusement poli, et très franc. Nos séances de travail sont très sérieuses. Il ne m’a jamais fait attendre deux heures comme il le fait avec d’autres».
Et virage important, Obama affirme être fier de ne pas avoir frappé le régime de Bachar Al-Assad en Syrie: «Le fait que j’aie été capable de m’abstraire de la pression immédiate et de réfléchir à ce qui était dans l’intérêt de l’Amérique, pas seulement par rapport à la Syrie mais aussi par rapport à notre démocratie, a été l’une des décisions les plus difficiles qui soit. C’était la bonne décision à prendre».
Il n’épargne pas le Royaume Wahhabite, l’appelant à «partager» la région avec son ennemi juré, l’Iran, et l’accusant-avec l’Iran- de s’être livrés des guerres par procuration en Syrie, en Irak et au Yémen. «Il faut trouver une voie efficace pour partager la région et instituer une sorte de paix froide».
Finalement Obama ne trouve pas les Saoudiens aussi «sympathiques» (sic) qu’on le pensait et leur rappelle que les Etats-Unis n’ont pas à participer à «des conflits sectaires qui ne sont pas nécessairement liés aux intérêts américains».
«Izz naffsik tssibha, ennafss naffsik w3inti tbibha» (Il nous revient à nous préserver notre amour propre au risque de se laisser humilier par les autres).
Tous ceux qui ont gravité autour de l’orbite USA croyant qu’ils étaient leurs alliés à jamais devraient tirer les leçons de ce qu’on appelle aujourd’hui «La doctrine Obama». Les Etats-Unis n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. Ceux qui pensent sérieusement qu’ils ont du respect pour ceux qui leurs servent d’armes et loyaux serviteurs pour détruire leur pays, se trompent lourdement. Quand on a trahi sa propre patrie, on ne peut être loyal vis-à-vis du maître et seigneur venu d’ailleurs.
Avis à ceux qui font toujours la queue voire la courbette devant les ambassades, la reconnaissance ne vient pas de l’extérieur, elle vient de l’intérieur de la patrie et du plus profond du cœur du peuple.