La formule du tout inclus “All Inclusive”, c’est la plus répandue dans le tourisme tunisien, mais elle suscite des réactions mitigées de la part des professionnels du secteur.
Des directeurs d’unités touristiques à Nabeul et Hammamet ont exprimé, lors d’entretiens accordés à l’agence TAP, leur adhésion ou leur refus de cette formule, certains d’entre eux appelant même à son élimination de l’offre tunisienne.
Le journaliste et écrivain du tourisme, Mohamed Bargaoui, a assuré que la formule «All inclusive» a été utilisée au début des années 60, quand la Tunisie ne disposait pas de cafés, de restaurants touristiques, de sites archéologiques et naturels aménagés, de festivals culturels…
Pour lui, “ce service auquel on a de plus en plus recours entrave le développement d’un produit innovant dans le secteur touristique et qui répond aux besoins du touriste”.
De son côté, le directeur de l’hôtel Khayem Garden, Haykel Akrout, qui dispose d’une expérience de plus de 2 décennies dans la gestion des unités hôtelières, a souligné que le “All Inclusive” n’est pas un choix des professionnels du secteur mais une formule imposée par les tours opérateurs internationaux.
L’adoption de cette formule par la majorité des unités hôtelières traduit la relation de faiblesse et de dépendance entre les professionnels du tourisme tunisien et les tours opérateurs, étant donné que ces derniers imposent le mode de vente du produit touristique.
Il estime que la commercialisation de la destination tunisienne en tant que destination la moins chère contribue à l’affaiblissement du tourisme tunisien et sa marginalisation.
“La suppression de cette formule, imposée, nécessite d’unifier les positions des professionnels du tourisme mais aussi une réelle volonté politique pour avoir une forte capacité de négociations et assurer à la destination tunisienne la place qui lui revient”.
selon lui, le développement de la formule All Inclusive ou des autres formules de l’offre tunisienne ne réussira qu’à travers la mise en place d’un produit de qualité et la formation de ressources humaines pour garantir des services de haute qualité quelle que soit la formule d’hébergement choisie par le touriste.
Favorable au tout inclus, Faker Salem, directeur adjoint à l’hôtel Mehari à la station balnéaire Yassmine Hammamet; a souligné que ce n’est qu’une formule de vente, l’important réside dans les conventions signées avec les tours opérateurs qui doivent répondre au principe du gagnant/gagnant.
Il a ajouté que cette formule commerciale est rentable pour les unités hôtelières à condition qu’elles fixent un prix minimum avec des services de qualité, au lieu de courir derrière le gain facile, en baissant les prix et la qualité des prestations, ce qui altère l’image de la destination tunisienne.
Le All Inclusive est “commercialisé dans la plupart des destinations internationales mais avec une différence au niveau des prix. La véritable concurrence n’est pas basée sur l’abaissement des prix mais sur la diversification de l’offre, la bonne qualité et la satisfaction du client”.
Pour sa part, Yassine Ouerghi, qui dirige des unités hôtelières depuis 1994, a mis l’accent sur l’impossibilité de supprimer la formule “All Inclusive” vu qu’elle a contribué, au cours des premières années de son adoption, à l’augmentation du nombre des entrées touristiques.
Il a avancé que le problème se pose à cause de la concurrence déloyale à travers l’abaissement des prix, mettant l’accent sur la nécessité de valoriser les points forts de cette formule vu que plusieurs destinations qui ont adopté cette formule ont développé leur activité touristique. Cette méthode de vente a perdu sa valeur ajoutée à cause de certaines personnes non professionnelles qui commercialisent à bas prix des destinations dont les services et les produits son médiocres.
Il a appelé à imposer des prix élevés et commercialiser des services de haute qualité, à l’instar des destinations touristiques concurrentes de la Tunisie qui attirent une clientèle sélectionnée à cause de la bonne qualité des prestations touristiques offertes.