Un responsable de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) aurait été reçu le 11 janvier 2015, selon l’association Corporate Europe Observatory, afin d’obtenir des normes favorables aux constructeurs. Un rendez-vous que dément l’ACEA.
Digne d’un film d’agent secret. Un rendez-vous discret aurait eu lieu à Bruxelles entre le lobby de l’automobile et la Commission européenne pour discuter des normes anti-pollution, selon l’association Corporate Europe Observatory (CEO) relayé par Le Canard enchainé.
Près de huit mois après l’éclatement du scandale des moteurs diesel des véhicules Volkswagen, la bataille autour des normes anti-pollution révèle encore quelques secrets. L’un des dirigeants de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), Paul Greening, aurait rencontré le dimanche 11 janvier 2015, lors d’un «rendez-vous informel» Nikolaus Steininger, un responsable rattaché au commissaire européen au Marché intérieur et à l’Industrie, détaille Le Canard enchainé.
Une rencontre tenue secrète alors que la publication des rendez-vous entre commissaires européens et les lobbies ou groupes d’intérêts est obligatoire. Elle a permis au lobby du diesel de prendre les commandes sur la réglementation anti-pollution, estiment CEO et Le Canard enchaîné. «Ces nouvelles informations confirment la porosité de la Commission européenne face aux lobbies, à tous les niveaux de responsabilité», a réagi dans un communiqué Karima Delli, vice-présidente de la Commission d’enquête du Parlement européen sur le scandale Volkswagen. Il faut en finir avec l’impunité totale dont bénéficie le lobby diesel sous le regard bienveillant de la Commission européenne et des États membres, censés être garants des lois européennes».
L’ACEA dément
Du côté de l’ACEA, cette rencontre n’a jamais eu lieu. «Contrairement à ce que rapportent les médias, il n’y a eu aucune réunion entre Mr Greening et Mr Steiniger le dimanche 11 janvier», explique au Figaro un porte-parole de l’ACEA. L’enjeu est important. Le 3 février dernier, le parlement européen validait dans la lignée de la Commission les futurs tests des émissions polluantes des véhicules. Les émissions en conditions réelles pourront donc dépasser de 110% la norme en laboratoire entre septembre 2017 et janvier 2020. Par la suite, la tolérance sera ramenée à 50%.
Le scandale Volkswagen continue, lui, à laisser des traces. Un ancien employé du groupe aux États-Unis accuse le constructeur allemand de faire «obstruction à la justice» dans le scandale des moteurs truqués, selon sa plainte relayée par l’AFP. Une plainte collective a également été déposée en Allemagne ce mardi contre l’entreprise par des investisseurs qui réclament 3 milliards d’euros au constructeur.