En parlant du terrorisme qui les frappe, comment les Européens peuvent-ils assimiler cela à des actes d’une guerre de civilisations à leur encontre? Un tueur d’innocents n’a aucun civisme ni civilisation. Quelle civilisation un assassin peut-il prétendre défendre? C’est un non-sens!
La minorité de voyous appelée “Djihadistes” et à qui on attribue même un Etat appelé “Etat Islamique” doivent se sentir fiers de leur sale besogne. Ils doivent jubiler en se voyant secouer le monde et y provoquer la panique et la peur.
Les Européens ne seraient-ils pas, à travers un système de médias et de communication, qui cherche à mettre en avant le sensationnel pour des raisons commerciales, en train de contribuer à la fabrication du succès d’une poignée d’imbéciles jusqu’à en faire un véritable et redoutable monstre qui n’existe en fait que dans leurs fantasmes?
La mortalité en France en 2015 a enregistré 600.000 décès sur un an, soit un peu plus d’un décès chaque minute. Chaque jour en France, 10 personnes meurent d’un accident de la route. Cela a représenté 3.464 décès en 2015 en progression de 2,4%.
Les décès par cancer étaient de 148.000 dont 85.000 chez l’homme et 63.000 chez la femme.
Pourquoi alors cette surmédiatisation du terrorisme en occultant des fléaux galopant et autrement plus graves et dévastateurs? Pourquoi vouloir absolument présenter le terrorisme comme une menace réelle pour l’Occident, sa culture et à son mode de vie? Ne va-t-on pas loin en intégrant les actes terroristes dans le cadre d’une guerre de civilisations?
Les choses ne seraient-elles pas beaucoup plus terre à terre et beaucoup plus simples que cela?
L’IRAK : L’Irak a toujours été connu à travers l’histoire comme une zone de conflits notamment entre Sunnites et Chiites. Le régime “Baathiste” de Saddam Hussein était Sunnite et avait dominé dans la douleur les Chiites. A la chute de Saddam Hussein, les Chiites ont pris le contrôle du pouvoir et une guerre violente continue à ce jour à diviser le pays et à opposer les deux clans.
LA SYRIE : Certains pays, notamment du Golfe, d’Europe ainsi que les Etats-Unis, en violation des lois onusiennes qui interdisent toute ingérence étrangère dans les affaires d’un pays souverain membre de l’ONU et reconnu dans ses frontières, ne veulent pas du régime de Bachar El Assad. Ils se sont mis à plusieurs pour l’affaiblir dans l’objectif avoué de s’en débarrasser! Son affaiblissement a donné des idées aux extrémistes qui se sont rués par centaines de milliers pensant pouvoir l’achever et instaurer à sa place leurs propres fantasmes sous forme de Califat!
LA LIBYE : Le régime de Kaddafi, aï il est vrai par bon nombre de personnes à travers le monde, a été anéanti par les forces de l’OTAN, laissant la place à un vide politique et sécuritaire qui a attiré tous les délinquants et détraqués de la planète chacun avec son projet et ses fantasmes. On retrouve les extrémistes religieux qui ont toujours rêvé d’instaurer leur Califat, et on retrouve les trafiquants de tout bord à commencer par ceux qui souhaitent mettre la main sur le pétrole et le gaz et racler ainsi les dernières réserves d’énergie de la région.
Devant l’absence de lois et d’Etat fort et souverain capable de maintenir l’ordre, la violence, rêne des lois de la jungle, y est bien évidemment la règle aujourd’hui pour gérer les différends.
LA TUNISIE : Un régime s’écroule du jour au lendemain. Un président qui prend, précipitamment sans prévenir, un avion en aller simple. N’ayant laissé aucune succession politique capable de prendre sa suite, le pays a été livré, là aussi, à lui-même devenant une proie facile pour tous ceux qui avaient des projets qu’ils n’ont pas pu réaliser auparavant.
Les défenseurs des droits de l’Homme, pensant peut-être bien faire, ont vidé les prisons même des assassins sanguinaires qui se sont retrouvés en pleine nature libres de leurs actes.
Les extrémistes de tout bord ont aussi trouvé un terrain propice, sans contrôle, et ils ont tous pensé que c’était l’occasion ou jamais de réaliser leurs fantasmes les plus extravagants.
Ainsi, les islamistes Nahdhaouis se sont précipités pour rentrer au bercail d’un long exil pour essayer enfin de réaliser leurs projets de jeunesse pour lesquels ils ont milité toutes leurs vies.
Les plus radicaux que les Nahdhaouis, Salafistes et Ansar de ceci et de cela, ont profité de l’aubaine eux aussi pour venir enfin essayer de réaliser leurs projets.
L’EUROPE : Une poignée de voyous et autres bandits détraqués, en quête de nouveaux moments forts après les braquages et le trafic de drogues, ont voulu profiter de la folie, de la zizanie qui a embrasé le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne pour s’ériger en vaillants militants pour de soi-disant nobles causes et se sont transformés en “Djihadistes islamistes” sanguinaires!
Ce n’est pas par hasard que les assassins du commandant Messaoud en Afghanistan, les criminels de Toulouse, de Charlie Hebdo, du Bataclan et de Bruxelles soient pratiquement tous sortis du même cercle, du même quartier, voire du même appartement, pour commettre leurs crimes ignobles. Cela prouve bien que c’est le même foyer pourri d’une poignée de délinquants et non d’une armée organisée qui en voudrait aux Européens.
Est-il raisonnable de parler de guerre de civilisations d’une Europe qui compte 508 millions d’habitants confrontée à une poignée ridicule de voyous, à un moment où le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard d’âmes, soit 23,4% de la population mondiale?
L’extrémisme et le côté violent ont toujours existé chez l’être humain et pas que chez les religieux. Ils ont existé et existent toujours chez certains musulmans au même titre que chez certains juifs ou chrétiens.
Pour se répandre et progresser, les trois religions monothéistes, pour ne citer qu’elles, n’ont pas à rougir les unes des autres au niveau de la pratique, dans l’histoire, de la violence la plus barbare. Chacune d’elle a son lot d’épisodes sombres qu’il vaut mieux oublier et ne pas citer.
Les musulmans, rappelons-le, estimés à plus 1,6 milliard d’âmes dans le monde, dans leur majorité écrasante, se sont civilisés et assagis avec le temps, comme tous les autres humains, pour arriver à une lecture du Coran plus tolérante, prônant la paix et condamnant la violence sous toutes ses formes. C’est ainsi que naquit l’Université Zeitouniène en Tunisie ou l’Université d’Al Azhar en Egypte -deux références incontestables en matière de modération, de progrès théologiques et scientifiques. Seule une minorité d’irréductibles extrémistes continue à avoir une lecture et des interprétations primitives du livre Saint de l’Islam.
Comment réagir alors aujourd’hui devant des plateaux de télévision et des médias qui font défiler des invités de tout bord expliquant tous les faits de violence et de terrorisme par l’islamisme, le djihadisme et la guerre entre civilisations, etc.?
Aucune voix ne veut admettre que le monde musulman n’a aucun problème avec le reste du monde non musulman, qu’il soit occidental ou oriental. Tout comme les non musulmans, les musulmans aspirent à vivre en paix et souhaitent le bonheur de leurs enfants. L’humanité a évolué y compris pour les musulmans. Seule une minorité de détraqués et de marginaux n’a pas appris des erreurs et horreurs de l’histoire de l’humanité.
La civilisation appartient à l’humanité et n’est pas le seul travail des Occidentaux qui auraient le droit de se l’accaparer en excluant les autres, les reléguant au rang de barbares attardés. Tous les peuples de la planète ont contribué à bâtir la civilisation actuelle, même si l’Occident la domine actuellement, économiquement et militairement, comme d’autres l’ont dominé avant lui pendant un millénaire. Le monde arabo-musulman a aussi apporté sa contribution et pas des moindres à notre civilisation actuelle que personne n’a le droit de s’approprier comme étant le produit de sa seule marque de fabrique. L’astrologie, la médecine, les mathématiques, le droit, l’architecture et d’autres sciences ont connu des progrès incontestables au cours du millénaire de la dominance arabe. Des sciences qu’ils ont eux-mêmes héritées de leurs prédécesseurs grecs, romains et perses avant de transmettre le relais à l’actuel Occident.
Les Croisés ont commis des atrocités par le passé. Les Européens ont commis des horreurs que ce soit en tant que pays colonisateurs ou à travers les nazis antisémites, arrivés, rappelons-le, au pouvoir démocratiquement il y a moins d’un siècle et qui ont commis les pires atrocités avec un génocide envoyant des millions de pauvres innocents dans les fours crématoires et les chambres à gaz rien que parce qu’ils étaient juifs.
Sans rentrer dans les détails de plus d’horreur, le dernier conflit des Balkans a montré de quoi l’être humain était encore capable même en Europe à quelques centaines de kilomètres de sa capitale Bruxelles. Plusieurs charniers ont été découverts dans les différentes provinces de l’ex-Yougoslavie et plusieurs chefs politiques et de guerre ont été traduits et jugés par la Cour de justice de la Haye pour crimes contre l’humanité.
Est-ce qu’il serait recevable qu’on parle aujourd’hui de ce passé violent pour généraliser et dire que l’Européen ne peut être que violent à l’image de la violence commise par le passé? Bien évidemment que non.
Par ailleurs, si aujourd’hui un Etat européen, américain ou asiatique s’écroulait, comme ce fut le cas de la Yougoslavie, au point de voir disparaître ses structures politiques gouvernantes, que se passerait-il au niveau de son ordre public? Les groupuscules extrémistes de tout bord, les trafiquants, les délinquants respecteraient-ils l’ordre, l’intégrité et la vie d’autrui? Evidemment que non et nous l’avions vu dans l’ex-Yougoslavie. Alors, devant les troubles et les excès inévitables, faudrait-il pointer du doigt la croyance, la couleur de peaux, l’origine pour expliquer les excès ou simplement l’absence de l’Etat en tant que gardien de l’ordre public?
Selon ma lecture des faits, les pays arabo-musulmans où sévit actuellement la violence n’en veulent ni aux Occidentaux ni aux Orientaux. Ils sont tout simplement déstabilisés au plus haut niveau de leurs Etats. Des pays décapités au niveau de leurs gouvernants. Le vide politique a entraîné un désordre favorisant la prolifération de tous les excès censés être gérés en temps normal par les lois internes et les structures des Etats. Des excès dont ils paient les frais eux-mêmes au prix fort, avant et plus que tous les autres. Les victimes se comptent par millions d’âmes si on additionne les morts depuis 1990 d’Irak, de Syrie, du Yémen, d’Egypte, de Libye et de Tunisie.
Statistiquement, dans tous les pays du monde il y a une part d’extrémistes, de fous, de déséquilibrés, de truands, de bandits, etc. Un pays, qui perd le contrôle de l’ordre au sein de sa population, laisse, de fait, libre court à la réalisation d’excès de tout ordre.
Arrêtons de prendre les faux raccourcis qui mènent au final à transformer des faits divers, même s’ils sont très graves, en une guerre préméditée entre civilisations! Ce serait fabriquer nous-mêmes un projet sensationnel dangereux qui arrange les médias pour faire de l’audimat et un conflit qui arrange les intérêts des vendeurs d’armes pour écouler leurs marchandises et outils de la mort.
Incontestablement, dans sa majorité écrasante, le monde arabo-musulman ne cultive aucune haine envers qui que ce soit et se tient aujourd’hui prêt à combattre les extrémismes, aux côtés et au même titre que toutes les autres nations, pour le retour de l’ordre et la paix dans la région et dans le monde.
Suite aux attentats de Bruxelles, je n’ai pas trouvé le courage de me contenter de couvrir mon portrait du drapeau Belge, d’écrire que “je suis Bruxelles“, que “je suis peiné“, que “je souffre“, que “j’adresse mes condoléances aux familles des victimes“. Non je ne l’ai pas fait parce que j’aurais eu honte de moi d’écrire encore une fois la même chose devant tant d’horreurs qui se répètent sans pouvoir me rendre utile pour prévenir de nouveaux massacres et de nouvelles victimes.
C’est facile d’écrire “je suis Bruxelles“ et d’avoir la conscience tranquille pensant avoir accompli son devoir de citoyen du monde.
Aujourd’hui, notre devoir à tous est de sortir de notre silence. De ne pas s’arrêter sur ce que disent les médias. Il faut parler des véritables causes du désordre et arrêter de véhiculer les fausses analyses qui n’épargneront pas les vies exposées. Il faut appeler à arrêter d’interférer dans les affaires intérieures des pays et à déstabiliser leurs gouvernants. Il faut appeler à rétablir l’ordre dans les pays déjà déstabilisés. Il faut appeler pour un ordre mondial avec plus d’éthique et respectueux non seulement des lois onusiennes actuelles mais un ordre mondial crédible capable de développer les lois internationales et capable de veiller à leur application pour que cesse la gestion de la planète par l’unique loi de la jungle où le plus fort dicte sa loi et écrase le plus faible.
L’ONU est en faillite. Ce qu’on appelle la Communauté Internationale n’est plus en fait qu’une seule puissance qui essaye de gérer la planète à son seul bénéfice en étant juge et partie! Les institutions internationales ne sont plus crédibles car non représentatives, incapables de prendre des décisions équitables et incapables de mettre en application ses résolutions.
Si nous arrivons à enclencher ce processus d’analyse et de réflexion, nous contribuerons à épargner des vies innocentes en œuvrant pour la paix dans le monde.