Un colloque international sur “La culture face au terrorisme” a été organisé tout au long de la journée du lundi 28 mars en marge de la 32ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis (FILT) qui se tient du 25 mars au 2 avril 2016.
La séance matinale du colloque, axée sur le thème “Les intellectuels et les nouvelles formes de violence”, a été marquée par la présence de plusieurs universitaires tunisiens et étrangers, mais aussi d’étudiants et de journalistes.
Adel Kedher, directeur du FILT, a fait remarquer que ce colloque se tient “dans une conjoncture difficile marquée par la violence politique et le terrorisme, ce danger “auquel ont averti les intellectuels tunisiens depuis le début de la révolution tunisienne lors du Forum des intellectuels tunisiens contre le terrorisme”.
Ce colloque s’inscrit dans le prolongement des travaux de ce Forum et la poursuite des efforts des intellectuels tunisiens dans la lutte contre le terrorisme “par l’esprit afin d’instaurer une nouvelle prise de conscience qui tient compte de la complexité de ce fléau dans ses multiples facettes”, a ajouté Kheder.
“Le savoir est un effort fondamental dans la lutte contre le terrorisme” a souligné, de son côté, Kamel Jendoubi, ministre chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les organisations des droits de l’Homme, écartant toute théorie qui stipule que “la pauvreté et la marginalisation sont les seules à ouvrir la voie vers les jeunes à rejoindre le camp du terrorisme”.
Il a relevé que “la lutte contre le terrorisme passe obligatoirement par l’armée et les forces de l’ordre ainsi que par la culture, susceptible de créer un contre-discours face à l’idéologie extrémiste favorisant la culture de la mort au lieu de la culture de la vie”.
Dans son analyse, Riadh Sidawi, directeur et fondateur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales à Genève (CARAPS), estime que “nous sommes faisons face à l’internationalisation du terrorisme, ce qui nous amène à nous interroger si le terroriste est quelqu’un de psychopathe ou bien un sage avec un projet politique”. Et il répond en disant que “celui qui se fait exploser est le psychopathe alors que celui qui planifie l’opération d’explosion est le sage qui souhaite instaurer son projet politique”.
Dans son analyse, Sidawi souligne que “le terrorisme fleurit en l’absence d’un Etat fort à l’image de ce qui s’est passé en Irak quand la dislocation de l’Etat a donné lieu à des leaders terroristes à l’instar de Zarkaoui et Thahri”. Pour lui, “le terrorisme est une grosse machine financière”.
Remontant à travers l’histoire, l’universitaire installé en France, Fouad Laroussi, a évoqué les origines de l’appellation du terrorisme, “un mot apparu lors de la révolution française en 1789, mais de nos jours ce phénomène a pris une bannière religieuse”.
Mettant l’accent sur le rôle de la culture et de son importance, Laroussi a appelé à “la révision des programmes d’enseignement et d’éducation des enfants à la culture de l’ouverture et de l’acceptation de l’autre”.
Pour Adonis El Akra, président du Centre international des sciences humaines sous l’égide de l’Unesco au Liban qui, “depuis les années 70, suit l’évolution du phénomène du terrorisme dans le monde”, il serait évident de considérer “le terrorisme comme une arme dont les spécificités se limitent dans l’usage de la violence pour terrifier l’autre et se servir du côté psychique afin de transmettre des codes violents contre l’ennemi”.
Ce docteur en philosophie politique accuse également les médias en ce sens qu’ils sont impliqués, d’une façon ou d’une autre, dans la promotion du terrorisme, dénonçant la diffusion et la publication d’images violentes de “personnes égorgées, ce qui est en mesure d’aider les terroristes à promouvoir leurs projets”.