«La réforme du secteur bancaire est un processus continu, mais le plus dur c’est la résistance des banques de la place aux changements et leur manque de résilience face aux crises». C’est en tout cas le sentiment exprimé par le ministre des Finances, Slim Chaker, lors du Forum économique de Tunisie, organisé à la Maison de l’entreprise (IACE).
Axant son intervention sur les nouvelles réformes engagées dans le système financier, le ministre a mis l’accent sur la restructuration et la recapitalisation des trois banques publiques (BNA, STB et BH), la nouvelle structure de gouvernance et la création des deux comités d’audit et de gestion de risques au sein de la BCT.
Il a aussi évoqué la réforme du statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui a pour objectif de donner à cette institution un rôle accru pour veiller à la stabilité financière du pays. Elle vise notamment la création d’un comité de surveillance macro-prudentielle et des crédits bureaux.
La nouvelle loi bancaire, actuellement en discussion au niveau des commissions de l’ARP, vient protéger les clients des banques et garantir la sécurité et la stabilité du système financier et prévoit la création d’un fonds de garantie des dépôts, pour aider les banques en difficultés à poursuivre leurs activités, a assuré le ministre.
La nouvelle loi prévoit également des interventions en cas de crise financière à trois niveaux, à savoir le préventif, le curatif et le sauvetage.
Commentant ces nouvelles réformes, Moez Lâabidi, universitaire, a souligné qu'”un benchmarking international fait ressortir un écart entre les performances des banques tunisiennes et des banques similaires à l’échelle internationale, lequel se creuse de plus en plus, à cause de l’absence de la culture de gestion des risques et de la multiplication des chocs financiers”.
Au niveau de la gouvernance, Lâabidi estime que «le texte de la loi bancaire est innovateur mais il y a certaines insuffisances à combler», relevant que la BCT n’a pas la place qu’elle mérite au niveau de l’action, bien que la loi garantisse son indépendance.
De plus, la loi bancaire ne crée pas une dynamique au niveau des banques, pour qu’elles soient capables de financer les entreprises économiques.
Il recommande à cet effet l’élargissement du périmètre de la réforme pour toucher l’ensemble du système financier tunisien.