Les avis des députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont divergé dès le début de l’examen, vendredi 8 avril en séance plénière, du projet de loi relatif au statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Le projet concerne notamment la question de l’indépendance financière de la Tunisie au niveau extérieur, outre l’indépendance de l’Institut d’émission au niveau intérieur.
Au cours de la séance, tenue en présence du gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, et du ministre des Finances, Slim Chaker, la députée Souad Echeffi a souligné que le projet qui comporte près de 100 articles est le résultat de pressions des cercles financiers et étrangers. «L’adoption de ce projet dans sa version actuelle, soi-disant pour garantir l’indépendance de la BCT, signifie l’abandon de la souveraineté de la Tunisie», a indiqué la députée, qualifiant le projet «de danger qui limitera le rôle de l’Etat en matière de contrôle de la BCT».
Pour Mohamed Ben Salem, «il est temps pour la BCT de jouer pleinement son rôle en aidant le gouvernement à concrétiser sa politique». Le député estime que la version présentée par le gouvernement comporte «une dose d’indépendance de trop», et que «les amendements présentés par la Commission des finances relevant de l’ARP ont rendu le projet «plus équilibré».
Il a, par ailleurs, mis l’accent sur l’importance de l’indépendance de la BCT et le maintien de la politique économique entre les mains du gouvernement.
Quant au député Chafik Ayadi, il a déclaré que l’examen en plénière du projet se déroule sous le thème «indépendance», alors qu’il constitue réellement une mainmise des directives des cercles financiers mondiaux et s’inscrit dans le cadre du programme de réformes structurelles qui peut causer une atteinte à la BCT.
Par contre, Bochra Bel Haj Hmida souligne, pour sa part, que le projet de loi présente «des garanties importantes pour faire face aux lobbies financiers qui menacent l’économie tunisienne». «Le rôle de la BCT consiste à booster la croissance et créer des emplois sur la base des principes de la bonne gouvernance et de la transparence», a-t-elle encore fait savoir. Oui, vous avez bien lu: l’une des misions de la BCT c’est “de créer des emplois…”. On aura tout entendu de la part de nos éminents députés.
Pour le député Karim Hlali, le projet de loi est en contradiction avec la loi sur la fonction publique en matière de gestion des ressources humaines de la BCT. Le projet de loi n’accorde pas aux agents de la BCT la fonction d’agent public alors qu’elle est (BCT) une entreprise publique, a-t-il expliqué.