Accusés de lenteur dans l’examen des projets de lois, les députés réagissent. Du haut de la tribune de l’IACE, le président de l’ARP a rappelé que cette instance a hérité de trente-sept textes de l’Assemblée nationale constituante, auxquels se sont ajoutés par la suite cent-vingt autres.
«L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) peine à adopter le Code d’investissement». Ce reproche, adressé à l’assemblée législative, par Hédi Sellami, président du Centre tunisien de veille et d’intelligence économique (CTVIE), en ouverture du Tunisia Economic Forum, organisé par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), est resté en travers de la gorge de Mohamed Ennaceur. A telle enseigne que le président de l’ARP, qui a prononcé le discours d’ouverture de la manifestation, a demandé une prolongation de son temps de parole pour pouvoir y répondre.
«On parle de la lenteur de l’ARP et on semble imputer cela à un manque d’intérêt, d’organisation et de faiblesse des députés, et ce n’est pas raisonnable», contre-attaque M. Ennaceur. S’inscrivant en faux contre cette perception, le président de l’ARP assure que «les personnes que le peuple a choisies ont le niveau et le sens de la responsabilité requis».
La critique formulée par Hédi Sellami n’est pas la première que l’ARP essuie. Quelques jours plus tôt, le président Béji Caïd Essebsi avait adressé au président de cette assemblée, Mohamed Ennaceur, une lettre allant dans le même sens, dont le chef de l’Etat a confirmé la teneur lors de l’interview accordée le 30 mars à des radios tunisiennes. BCE y avait, selon lui, rappelé que «l’Assemblée des représentants du peuple était censée pousser les députés à accélérer la mise en place d’institutions constitutionnelles qui a pris du retard»; institutions dont «la Constitution en prévoit l’instauration dans des délais déterminés».
Sans nier l’évidence, à savoir la lenteur des travaux de l’Assemblée qu’il préside, l’aîné des députés l’explique d’abord par le legs de l’Assemblée nationale constituante (ANC). «Nous avons trouvé trente-sept projets de lois que l’ANC, chargée d’abord d’écrire la nouvelle Constitution, n’a pas eu le temps d’examiner. Depuis, 120 autres s’y sont ajoutés».
Si l’examen de ces projets de lois prend beaucoup de temps –trop aux yeux de l’opinion publique et des politiques-, c’est d’abord, observe le président de l’ARP, «parce que nous prenons soin d’écouter toutes les parties concernées par un projet de loi». Ensuite, cette Assemblée n’étant «pas monolithique», puisqu’on y trouve une multitude de partis et de points de vue, «la démocratie impose d’œuvrer à trouver des compromis entre eux».
Pour rassurer tout le monde, Mohamed Ennaceur a rappelé qu’en réponse aux demandes pressantes d’accélération du rythme de travail des députés, ceux-ci travaillent désormais «le soir et même samedi et n’ont même pas pris de vacances parlementaires».